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Histoire littéraire d'Italie (3

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J'aurais dû placer dans la première époque de ce siècle, mais je n'oublierai pas ici, Marino Sanuto, noble vénitien, qui ne fut pas, à proprement parler, un historien, mais un voyageur, et qui laissa un ouvrage intéressant sur les régions qu'il avait parcourues et sur les événements dont il avait été témoin. Il fit jusqu'à cinq fois le voyage d'Orient, et visita l'Arménie, l'Égypte, les îles de Chypre et de Rhodes, etc. De retour à Venise, il composa son livre Secretorum fidelium crucis, où il décrit exactement ces contrées lointaines, les mœurs de leurs habitants, les révolutions, les guerres entreprises pour les retirer des mains des infidèles, et les causes des mauvais succès de ces guerres. Il y propose aussi des moyens qu'il croit meilleurs pour venir à bout de l'entreprise. Son ouvrage fait, il parcourut plusieurs états de l'Europe, pour engager les princes à exécuter ses plans. Il les présenta au pape Jean XXII, à Avignon, et lui mit sous les yeux des cartes où tous ces pays et les saints lieux étaient fidèlement décrits; il adressa, sur ce sujet, des lettres à plusieurs personnages importants; mais il ne put rien obtenir. On croit qu'il mourut vers l'an 1330. Son ouvrage et ses lettres furent imprimés, pour la première fois, par Bongars, dans le Gesta Dei per Francos 206. C'est un des plus curieux de cette collection; le premier livre surtout peut être regardé comme un traité complet sur le commerce et la navigation de ce siècle, et même des siècles antérieurs 207.

À l'égard de la littérature proprement dite, et principalement de la poésie, qui était le genre de littérature le plus généralement cultivé, on a bien fait de ne pas tirer des bibliothèques, et l'on aurait encore mieux fait de n'y pas recueillir et de laisser perdre le nombre infini de vers qui furent produits dans ce siècle. Ce fut comme une épidémie qui se répandit rapidement, qui passa même les Alpes, et qui exerça surtout ses ravages à Avignon et autour de Pétrarque, devenu, bien contre son gré, le centre de ce tourbillon poétique. C'est ce qu'une de ses lettres familières décrit avec des détails aussi vrais que plaisants. «Jamais, écrit-il 208, ce que dit Horace ne fut plus vrai qu'à présent:

Ignorants ou savants, nous faisons tous des vers 209.

C'est une triste consolation d'avoir des semblables. J'aimerais mieux être malade tout seul. Je suis tourmenté par mes maux et par ceux des autres. On ne me laisse pas respirer. Tous les jours des vers, des épîtres viennent pleuvoir sur moi de tous les coins de notre patrie: mais ce n'est pas assez; il m'en vient de France, d'Allemagne, d'Angleterre, de Grèce. Je ne puis me juger moi-même et l'on me prend pour juge de tous les esprits. Si je réponds à toutes les lettres que je reçois, il n'y a point de mortel plus occupé que moi: si je ne réponds pas, on dira que je suis un homme insolent et dédaigneux. Si je blâme, je suis un censeur odieux: si je loue, un fade adulateur. Ce ne serait encore rien, si cette contagion n'avait pas gagné la cour romaine. Que pensez-vous que font nos jurisconsultes et nos médecins. Ils ne connaissent plus ni Justinien, ni Hippocrate. Sourds aux cris des plaideurs et des malades, ils ne veulent entendre parler que de Virgile et d'Homère. Mais que dis-je? les laboureurs, les charpentiers, les maçons abandonnent les outils de leur profession, pour ne s'occuper que d'Apollon et des Muses. Je ne puis vous dire combien cette peste, autrefois si rare, est commune à présent, etc.»

On voit, par cette lettre même, que c'était de poésies latines qu'on accablait Pétrarque, et non de poésies en langue vulgaire; car si cette langue commençait à devenir universelle en Italie, elle était à peine connue en Allemagne, en Angleterre et en France, d'où il lui venait aussi tant de vers. Lui-même, comme on l'a vu, ne se faisait qu'un amusement de la poésie italienne. Ses travaux sérieux étaient en latin. C'était pour ses poésies latines qu'il avait reçu solennellement au Capitole la couronne de laurier. Nous avons vu qu'il fit dans la suite de sa vie peu de cas de cet honneur, qui l'avait enivré dans sa jeunesse. Ce qui contribua peut-être à ce dégoût, fut de voir le même triomphe accordé, douze ou quinze ans après, à un homme qu'il était loin sans doute de regarder comme son égal. On le nommait Zanobi da Strada. Philippe Villani l'a placé parmi les illustres Florentins; mais si la couronne lui fut décernée à cause de la célébrité dont il jouissait alors, tous ses autres titres ont disparu, et il ne lui reste quelque célébrité que par cette couronne même.

Zanobi était fils du célèbre grammairien Giovanni da Strada, qui avait été le premier maître de Boccace. Il commença par prendre le même état que son père; mais il cultivait en même temps la poésie. Pétrarque le connaissait, l'aimait, faisait cas de son savoir, et fut la première cause de ses honneurs. Il le recommanda au grand-sénéchal de Sicile, Nicolas Acciajuoli, à qui il inspira le désir de se l'attacher. Zanobi quitta l'école de grammaire et de rhétorique, dont il subsistait obscurément à Florence, pour passer à la cour de Naples. Il y fut reçu honorablement par le grand-sénéchal, créé par lui secrétaire du roi, et bientôt si avant dans ses bonnes grâces et même dans son amitié, qu'Acciajuoli n'avait pas de plus grand plaisir que son entretien ou ses lettres. En 1355, lors qu'il se rendit à Pise, auprès de l'empereur Charles IV, il y conduisit Zanobi, et ce fut là qu'il obtint pour lui, de l'empereur, la couronne de laurier et les honneurs du triomphe. Mathieu Villani, dans son histoire 210, fait mention de cette cérémonie, dans laquelle Zanobi, la couronne sur la tête, fut conduit publiquement par la ville de Pise, accompagné de tous les barons de l'empereur.

Ce couronnement causa beaucoup de surprise en Italie, où la réputation de Zanobi n'était pas généralement répandue. Les amis de Pétrarque s'étonnèrent de voir que le grand-sénéchal, qui était un de ses amis particuliers, se fût employé avec tant de chaleur pour avilir en quelque sorte l'honneur qu'il avait reçu, en le faisant décerner à un homme qui lui était si inférieur. Pétrarque lui-même ne fut pas insensible à cette espèce d'avilissement de la couronne poétique. Dans la préface d'un de ses écrits 211, il ne put dissimuler son indignation de ce qu'un juge et un censeur allemand (c'est ainsi qu'il désigne Charles IV) n'avait pas craint de prononcer sur les beaux-esprits italiens. Il ne cessa pas pour cela d'aimer Zanobi, qui était non seulement un homme d'esprit, mais des mœurs les plus douces et du commerce le plus aimable. Ce poëte fut élevé, toujours par le crédit d'Acciajuoli, à la charge de secrétaire apostolique auprès du pape Innocent VI 212; mais il ne la posséda que deux ou trois ans au plus, et mourut de la peste en 1361, âgé seulement de quarante-neuf ans. Ses écrits restèrent entre les mains de sa famille; d'autres disent qu'ils furent déposés chez un notaire de Florence; ils s'y sont perdus, et n'ont jamais vu le jour 213. L'opinion qu'on avait de lui dans sa patrie était si avantageuse, sans que l'on puisse savoir à quel point elle était fondée, que lorsque les Florentins résolurent 214 d'élever, aux frais du trésor public, de magnifiques mausolées à Dante, à Accurse, à Pétrarque et à Boccace, ils y en ajoutèrent un pour Zanobi; mais ce projet resta sans exécution pour lui comme pour tous.

 

Plusieurs autres poëtes latins brillèrent encore à la fin de ce siècle. On ne pourrait les désigner tous sans faire une liste sèche, ou sans entrer dans des particularités minutieuses, également dépourvues d'intérêt quand les noms ne rappellent aucun souvenir. Deux seuls de ces noms paraissent mériter une mention particulière. L'un est celui de François Landino, fils d'un peintre qui avait alors quelque réputation, et parent de Landino, célèbre commentateur du Dante. Il était aveugle et musicien. Ayant perdu la vue dès son enfance par la petite-vérole, il commença bientôt, dit Philippe Villani 215, à sentir le malheur de cet état de cécité; et, pour en adoucir l'horreur par quelque distraction consolante, il s'amusait à chanter, comme un enfant qu'il était encore. Étant devenu grand et capable de sentir la douceur de la mélodie, il chantait selon les règles de l'art, en s'accompagnant de l'orgue ou de quelque instrument à cordes. Il fit rapidement des progrès si admirables, qu'il jouait en très-peu de temps de tous les instruments de musique, même de ceux qu'il n'avait jamais vus. On était émerveillé de l'entendre. Il touchait surtout l'orgue avec tant d'art et de douceur, qu'il laissa bien loin derrière lui les organistes les plus habiles. Il inventa même par la seule force de son génie, des instruments dont il n'avait eu aucun modèle. Aussi, du consentement de tous les musiciens, qui lui accordaient la palme, il fut publiquement couronné de lauriers, à Venise, par le roi de Chypre, comme les poëtes l'étaient par les empereurs. Il mourut à Florence en 1390.

François Landino n'était pas seulement musicien, il était aussi grammairien, dialecticien et poëte. Son habileté à toucher l'orgue, lui fit donner le surnom de Francesco degli Organi, et c'est ainsi qu'il est nommé dans les recueils où l'on trouve de lui quelques poésies italiennes. On a aussi conservé de ses vers latins 216; le style n'en est pas inférieur à celui des poésies latines de Pétrarque.

L'autre poëte, beaucoup plus célèbre dans les lettres, non-seulement comme poëte, mais comme littérateur et philosophe, et dont le nom se trouve souvent joint à celui de Pétrarque, est Lino Coluccio Salutato. Coluccio est un de ces diminutifs florentins que subissent les noms des enfants, et que ceux qui les ont portés gardent ensuite toute leur vie: De Niccolo, on fait Niccoluccio, petit Nicolas; on retranche ensuite, pour abréger, la première syllabe, et il reste Coluccio, qui ne ressemble presque plus au nom primitif. Son premier nom, Lino, semblerait être encore un diminutif abrégé du même nom; Niccolo, Niccolino, Lino; mais peut-être aussi le prit-il par une affectation de noms antiques qui était alors commune parmi les savants 217. Coluccio Salutato était né en Toscane 218 en 1330. Son père, qui était homme de guerre, enveloppé dans les troubles de sa patrie, fut exilé, et se retira à Bologne. Le jeune Coluccio y fut élevé; il annonça de bonne heure des dispositions naturelles pour la littérature; mais il lui fallut, comme Pétrarque et Boccace, obéir aux ordres de son père, et se livrer à l'étude des lois. Le père mourut, et Coluccio quitta le code pour se livrer tout entier à l'éloquence et à la poésie. On ne sait ni quand il sortit de Bologne, ni quand il lui fut permis de revenir à Florence. On sait seulement qu'en 1368, c'est-à-dire lorsqu'il était âgé de trente-huit ans, il était collègue de François Bruni dans la charge de secrétaire apostolique auprès du pape Urbain V. Il est probable qu'il abandonna cet emploi quand Urbain, après être retourné à Rome, revint en France. Il quitta aussi l'habit ecclésiastique, et épousa une femme, dont il n'eut pas moins de dix enfants 219. La réputation de savoir et d'éloquence dont il jouissait lui attira les offres les plus brillantes de la part des papes, des empereurs et des rois; mais l'amour qu'il avait pour sa patrie lui fit préférer à toutes les espérances de fortune la place de chancelier de la république de Florence qui lui fut offerte en 1375, et qu'il occupa honorablement pendant plus de trente années. Les lettres qu'il écrivait passaient pour si éloquentes que Jean Galéas Visconti, étant en guerre avec la république, disait qu'une lettre de Coluccio Salutato lui faisait plus de mal que mille cavaliers florentins 220.

Au milieu des graves occupations que lui imposait cette charge, il trouvait le temps de cultiver les muses et de se livrer à des études et à de savantes recherches. Celle des anciens manuscrits était l'objet continuel de son zèle. Il en recueillait le plus qu'il lui était possible; et les corrections qu'il y faisait, et qui auraient été pour tout autre un grand travail, n'étaient pour lui qu'un amusement. Les auteurs contemporains parlent de lui comme de l'homme le plus savant de son siècle. Ils ne parlent pas avec moins d'enthousiasme de ses talents que de son savoir. Ils le comparent à Cicéron et à Virgile; mais nous avons appris à réduire ces comparaisons emphatiques. Ses lettres et ses autres ouvrages, qui ont été imprimés, sont un nouvel exemple de la nécessité de ces réductions, quoiqu'on puisse admirer, et dans sa prose et dans ses vers, une érudition étendue à beaucoup d'objets, qui était alors très-rare, et des traces sensibles d'une étude attentive et continue des anciens auteurs, qui ne l'était pas moins. On n'a imprimé de lui en prose latine, outre ses lettres 221, qu'un Traité de la noblesse des lois et de la médecine 222. Les bibliothèques de Florence en possèdent en manuscrit plusieurs autres 223; la plus grande partie des vers qu'il avait composés s'y conserve aussi; mais on en a publié quelques pièces dans le grand Recueil des plus illustres poëtes italiens et dans d'autres collections. Parmi ceux qui n'ont point vu le jour, ce qu'il y aurait peut-être de plus intéressant à connaître serait la traduction d'une partie du poëme du Dante en vers latins, dont l'abbé Méhus nous a donné deux fragments dans sa vie d'Ambroise le Camaldule 224. Coluccio mourut en 1406, âgé de soixante seize ans. Plusieurs années auparavant, les Florentins avaient demandé à l'empereur la permission de le couronner du laurier poétique, et elle leur avait été accordée; mais sans qu'on ait pu savoir la raison de ces délais, l'affaire traîna tellement en longueur que la couronne ne lui fut décernée qu'après sa mort 225. Elle fut posée sur son cercueil, et les honneurs qui devaient être rendus à ce vieillard illustre accompagnèrent au tombeau un cadavre insensible.

Le nombre des poëtes en langue vulgaire était encore plus considérable que celui des poëtes latins; mais il y en a peu qui aient mérité, par l'intérêt de leur vie ou par la bonté de leurs vers, que l'on en garde le souvenir. Je ne parle point d'un grand nombre de seigneurs italiens qui ne se contentèrent pas de protéger les poëtes, et qui poétisèrent eux-mêmes. Le Crescimbeni et le Quadrio 226 rangent dans cette classe la plupart des petits princes de ce temps-là. Plusieurs dames se distinguèrent aussi par leur goût pour la poésie et quelques unes par leurs talents. Il y eut même une Sainte qui est comptée, pour sa prose, parmi les autorités du langage, et qui fit aussi des vers; c'est sainte Catherine de Sienne. Sa vie appartient à l'hagiographie ou histoire des saints plus qu'à l'histoire des lettres. Dans cette dernière, cependant, elle a de remarquable qu'elle a été l'occasion d'une guerre grammaticale et d'une espèce de schisme. On sait, et elle raconte elle-même que son éducation avait été si peu littéraire qu'à vingt ans, lorsqu'elle entra dans l'ordre de Saint-Dominique, elle ne connaissait même pas l'alphabet; mais il ne lui fallut qu'une seule vision pour apprendre à lire, à écrire et pour devenir très-forte en théologie. Elle mourut à la fleur de l'âge 227 en 1380. Ses lettres ascétiques sont écrites d'un style si pur, si élégant dans sa simplicité, et semées de locutions si vives et si agréables, que Sienne, sa patrie, a prétendu s'en servir pour rivaliser avec Florence, et pour lui disputer le sceptre du langage. Girolamo Gigli, savant Siennois, qui donna, en 1707, une édition soignée des lettres de sainte Catherine, voulut y joindre un vocabulaire des mots et des expressions propres à l'auteur. Il s'y donnait de très-grandes libertés, et traitait avec peu de ménagements les Florentins, leur langue et leur académie, dont il était cependant. L'impression de ce Vocabolario Cateriniano était fort avancée, quand tout-à-coup il fut arrêté, prohibé par ordre du pape Innocent XII, l'auteur banni à quarante milles de Rome, où se faisait l'impression, et ensuite rayé de la liste des académiciens de Florence, par décret de l'académie elle-même; enfin, selon l'expression d'un historien récent de la littérature italienne 228, traité comme coupable, non-seulement de lèze-grammaire, mais même de lèze-majesté 229. Si les vers de sainte Catherine avaient été seuls, ils n'auraient point donné lieu à de pareils scandales, à en juger par une oraison qui est imprimée dans le quatrième volume de ses Œuvres 230, et où l'on trouve moins de génie que de ferveur.

 

Celui des poëtes lyriques de cette époque qui approcha le plus du style de Pétrarque est Buonaci corso da Montemagno. Il y en eut deux de ce nom, l'aïeul et le petit-fils, que l'on a long-temps confondus en un seul. Le chanoine Casotti découvrit le premier qu'ils étaient deux, et donna, en 1718, à Florence, la meilleure, édition de leurs Œuvres 231, avec une préface qui éclaircit complètement ce qui regarde la famille des Montemagno. C'était une des plus distinguées de Pistoja, où elle avait été plusieurs fois élevée aux premiers emplois. Buonaccorso l'ancien en fut lui-même gonfalonnier, en 1364. Ses vers ont de la douceur et de la grâce. Gravina 232 le loue d'avoir approché de Pétrarque par ces deux qualités, si ce n'est par l'élévation, le savoir et la variété des sentiments. Le Tassoni, dans ses considérations sur Pétrarque, compare souvent des vers de Montemagno, avec ceux de ce grand poëte lyrique et les explique les uns par les autres. Il ne croit pas, comme l'ont pensé quelques critiques, que le troisième sonnet de Pétrarque 233, soit imité du premier de Montemagno 234; mais lorsqu'il veut au contraire prouver que c'est Montemagno qui a été l'imitateur, il ne peut lui-même se dissimuler la faiblesse de ses preuves. Plusieurs autres sonnets de Buonaccorso, sans avoir la même ressemblance, ont des traits, des expressions et des tours que l'on pourrait appeler Pétrarquesques, comme le font les Italiens. Le recueil ne contient que 38 sonnets, dont plusieurs encore sont de Montemagno le jeune, qui appartient au siècle suivant; tant il est vrai qu'en poésie il ne faut que peu de vers, mais dignes du suffrage des gens de goût, pour se faire un assez grand nom.

Pistoja produisit un autre poëte contemporain de Pétrarque, qui fut même, dit-on, son disciple, et qui fit, après sa mort, un long poëme à sa louange; mais l'on n'y peut guère approuver que l'intention et le zèle. Il se nommait Zenone de' Zenoni. Son poëme, qu'il intitula: Pietosa fonte, est en tercets, et divisé en treize chapitres. Le savant Lami l'a publié le premier, en 1743, dans le 15e. volume de ses Deliciœ eruditorum, avec des remarques et une notice sur l'auteur. Il avoue lui-même que le style n'en est ni facile, ni doux, ni poli: les expressions en sont souvent obscures et les mots trop vieux, ou trop nouveaux, ou trop hardis; mais il contient des détails qui le rendent de quelque utilité pour l'histoire littéraire de ce temps 235.

Le même volume est terminé par une canzone sur ce même sujet de la mort de Pétrarque 236. Elle vaut mieux, sans être fort bonne. Son auteur est Franco Sacchetti, auteur justement célèbre à d'autres titres, qui passe cependant pour avoir approché du style de Pétrarque dans ses vers; mais qui approcha beaucoup plus de celui de Boccace dans sa prose, et dont les Nouvelles sont regardées comme les meilleures, après celles du Décaméron, quoique loin encore de les égaler.

Franco Sacchetti, né à Florence, vers l'an 1335 237, d'une famille ancienne et illustrée par les premiers emplois de la république, annonça de bonne heure les plus heureuses dispositions. Très-jeune encore, il composa des poésies amoureuses, où il se montra grand imitateur de Pétrarque; mais avec un tour d'idées et de style qui lui était propre. Comme il ne quitta point Florence dans sa jeunesse, son mérite y frappa tous les yeux. L'usage était alors de graver sur les monuments publics, dans les salles de délibérations du gouvernement, dans celles des tribunaux, sur les portes des différents offices, des inscriptions en vers dans la langue nationale. On s'adressa souvent au jeune Sacchetti pour ces inscriptions, où l'on voulait toujours que la poésie et la morale donnassent des leçons de liberté. On a conservé plusieurs sonnets qu'il fit dans ces occasions. La morale y est en général meilleure que la poésie. La simplicité des idées et du style y est un mérite, puisqu'ils étaient destinés à être entendus et retenus par le peuple. On lui demanda une devise plus courte pour être gravée sur la couronne du lion qui était placé au-dessus d'une espèce de tribune aux harangues, à la façade du palais des prieurs 238. Il fit ce distique remarquable par sa simplicité et sa gravité. C'est le lion qui parle:

 
Corona porto per la patria degna
Acciocchè liberta ciascun mantegna.
 

Franco Sacchetti fut revêtu de plusieurs magistratures, tant à Florence même que dans différentes parties de la Toscane. Il voyagea aussi dans plusieurs villes d'Italie, entre autres à Bologne, à Gênes et à Milan. Il se lia d'amitié avec les hommes les plus distingués de tous états, et avec les littérateurs les plus célèbres. La considération dont il jouissait dans sa patrie, lui attira une distinction honorable dans une occasion triste pour lui et pour sa famille. Son frère, Giannozzo Sacchetti, avait été déclaré rebelle, pris et décapité, en 1379. L'année suivante, il fut statué par un décret, que les pères, les frères, les fils de ceux qui, depuis trois ans, avaient été déclarés rebelles, ne pourraient, pendant dix ans, être ni du nombre des prieurs (magistrature suprême de la république), ni membres d'aucun des colléges de magistrature. Sacchetti fut seul excepté de cette disposition sévère, et cela, dit l'historien Ammirato, parce qu'il était tenu pour homme de bien, per esser tenuto uomo buono 239; mais cette faveur ne put le consoler de la perte de son frère. Il devint sujet à des maladies graves, et ses infirmités furent augmentées par des accidents imprévus. Étant tombé de cheval, ou plutôt de mulet, dans un de ses voyages, il voulut se faire saigner. Un barbier ignorant lui donna plusieurs coups de lancette, sans pouvoir lui tirer une goutte de sang. Il se rendit à Pistoja, où un chirurgien, aussi ignare que le barbier, le piqua et le manqua de même. Les bains qu'il prit ne lui firent aucun bien, et il se sentit long-temps de cette chute.

Chargé, en 1381, de quelques missions politiques dans des pays infestés par le brigandage et par la guerre; il fut attaqué en mer et pillé par les Pisans; son fils fut blessé sous ses yeux. La république l'indemnisa par une gratification de 75 florins d'or. Plusieurs années après, dans la guerre que Florence soutint contre le duc de Milan, les environs de la ville furent saccagés et brûlés. Les possessions de Franco Sacchetti, qui étaient à Marignole, furent entièrement détruites, et lui totalement ruiné. Il supporta tant de malheurs avec courage. Au milieu de ses occupations et de ses désastres, il ne cessa jamais de cultiver la poésie, la philosophie et les lettres. Il y chercha des consolations et y trouva encore des plaisirs. Il vieillit en se livrant aux mêmes travaux qui avaient occupé sa jeunesse. On conjecture qu'il mourut peu d'années après la fin de ce siècle 240. C'était un homme d'une amabilité singulière, et remarquable par le mélange de la gravité de son caractère et de la gaîté de son esprit. Cette gaîté brille dans presque toutes ses Nouvelles. Parmi ses compositions poétiques, dont le plus grand nombre n'est point imprimé, il y en a plusieurs qui sont non seulement fort gaies, mais de ce genre de burlesque dont on attribue faussement l'invention au Burchiello, puisqu'on en trouve ici les premiers modèles. Il aimait beaucoup la musique et la savait parfaitement. Dans un manuscrit où ses madrigali et ses ballades, portent les noms des musiciens qui en avaient fait les airs, on voit plusieurs fois, écrit en marge, le sien même 241. Ce n'est pas seulement dans sa jeunesse qu'il fut amoureux; on trouve dans ses poésies la preuve qu'il le fut vingt-six ans de la même personne; mais on ignore l'objet de cette passion si constante. Il se plaint dans un sonnet fait la vingt-sixième année, de n'être pas plus avancé que le premier jour. Il se rappelle le peu que gagna Pétrarque auprès de Laure par ses vers; et il en tire un triste augure pour les siens. La fin du sonnet signifie à peu près 242:

 
Malheureux! si je pense encore
Au peu qu'a gagné par ses vers
Le grand Pétrarque auprès de Laure,
Aux longs tourments qu'il a soufferts…
Je frémis, je me sens de glace:
J'écris pourtant, et le temps passe.
 

Peu de ses poésies sont imprimées 243. Le vocabulaire de la Crusca, qui les cite souvent, tire ses exemples d'un ancien manuscrit qui appartenait à la famille Giraldi, et qui était encore, en 1724, dans la bibliothèque de cette famille 244. Il contenait environ cent soixante-dix sonnets, trente-huit canzoni de différents genres, quarante-neuf ballades, un grand nombre de madrigali et d'autres poésies de toute espèce. Il contenait aussi des lettres, les unes latines, les autres italiennes, et ce qui est plus singulier, quarante-neuf sermons sur les évangiles, pour tous les jours du carême et des fêtes de Pâques; le tout terminé par ses Nouvelles, qui ne sont pas tout-à-fait du même genre, ni du même style.

Il les écrivit pour son amusement, lorsqu'il était podestat ou premier magistrat d'une petite ville, que l'on croit être Bibbiena. Elles étaient au nombre de trois cents. On n'en a retrouvé et publié que deux cent cinquante-huit. Sacchetti ne les a point encadrées, comme Boccace, dans une fiction générale, ni entremêlé d'entretiens, de descriptions et de vers. C'est lui qui raconte, en son nom, des faits dont souvent il a été témoin lui-même. Le style en est extrêmement pur, et fait autorité dans la langue. Il est plus familier et descend plus habituellement au langage commun que celui du Décaméron; et c'est surtout dans les sujets gais et populaires qu'il peut être utile de l'étudier. On y acquiert l'intelligence d'un grand nombre de mots et de proverbes toscans, qui y sont employés dans leur vrai sens et dans toute leur force. Quand aux aventures, aux bons mots et aux faits plaisants, il y en a moins de libres et d'indécents que dans Boccace, mais trop encore pour que ce recueil puisse être mis entre les mains de tout le monde. La plupart de ces traits servent à faire connaître le caractère et les mœurs des Florentins de ce temps-là. Plusieurs ont pour acteurs des hommes connus dans l'histoire politique et dans celle des lettres, et offrent des particularités de leur vie, que l'on ne trouve point ailleurs. Comparés avec des passages des anciens historiens de Florence, ces traits servent quelquefois à les éclaircir.

Les Nouvelles de Franco Sacchetti sont en général plus courtes que celles de Boccace: le dialogue et la pantomime y sont moins détaillés, moins soignés, et l'on y trouve point de ces histoires touchantes qui forment dans le Décaméron une admirable variété. Elles sont presque toutes plaisantes, racontées avec légèreté, et du ton d'un homme qui, pour amuser les autres, commence par s'amuser lui-même. Il faut s'en prendre au temps où vivait l'auteur, de la grossièreté de quelques expressions; mais il a, comme je l'ai dit, moins souvent besoin de cette excuse que Boccace. Il fait aussi plus fréquemment agir des personnages contemporains, rois, magistrats, poëtes, artistes, marchands, ouvriers, bouffons de ville et de cour. Il y a parmi ces derniers un maître Gonelle, auquel il revient souvent, et qui est le plus drôle et le plus original de tous. Ce maître Gonelle attrape et fait rire tout le monde, depuis les plus petits particuliers jusqu'aux rois. Le tour qu'il joue à Naples à un abbé riche et avare, pour amuser le roi Robert, n'est ni aussi spirituel ni d'aussi bon goût que l'on croirait qu'il l'eût fallu pour plaire à un souverain, ami des lettres et aussi avide que nous l'avons vu ailleurs de la société et des entretiens des sages 245. Ce que d'autres Nouvelles racontent du roi d'Angleterre, Édouard 246 et de Philippe de Valois, roi de France 247, prouve, il est vrai, combien les rois étaient alors populaires et accessibles, mais donne une assez pauvre idée de leurs plaisirs. Barnabé Visconti, seigneur de Milan, et d'autres souverains d'Italie se donnent aussi des plaisirs de cette espèce. On voit même un évêque inquisiteur qui s'amuse à effrayer un pauvre imbécille, nommé Albert 248, le menace de le faire brûler comme Patarin ou Vaudois, et rit avec un de ses amis des sottises qu'il lui fait dire sur le Pater noster. Fort bien, dit Franco Sacchetti, mais si ce pauvre Albert eût été un homme riche, l'inquisiteur lui en aurait peut-être donné tant à entendre qu'il se fût racheté de ses deniers, pour n'être pas torturé ou brûlé 249.

Le poëte par excellence, Dante, paraît plusieurs fois sur la scène 250. On trouve même, au sujet de son tombeau à Ravenne, devant lequel il n'y avait ni cierges, ni lampions, tandis qu'un vieux crucifix était tout noir de la fumée de ceux qui brûlaient autour de lui, un trait peut-être historique, mais que je ne pourrais me permettre de rapporter 251. Des artistes célèbres y figurent aussi, tels que Giotto, Buffamalco, l'Orcagna, et plusieurs autres. Quelques uns de ces artistes, appelés à S. Miniato, pour des travaux qu'ils y faisaient dans une église, sont représentés 252, discutant et se disputant après boire, pour savoir quel avait été, Giotto toujours excepté, le plus grand peintre. L'un dit Cimabuè, l'autre Stefano, élève de Giotto, un troisième Buffamalco. Ce n'est point tout cela, interrompt le fameux sculpteur Alberti; ce sont les femmes de Florence. On a beau rire de cette proposition: il soutient son dire et le prouve par des détails de la toilette des femmes qui sont tout-à-fait plaisants. Dans la Nouvelle suivante, c'est avec les faiseurs de lois que l'auteur fait lutter les dames florentines. Il leur donne tout l'avantage, et les fait meilleures légistes et meilleures logiciennes que les hommes. Les Florentins s'avisent de porter une loi somptuaire sur l'habillement des femmes. Des officiers publics sont chargés de la faire exécuter et de procéder contre celles qui porteront dans leur parure des ornemens défendus. Ils arrêtent tout ce qu'ils en trouvent; mais ils n'en peuvent convaincre aucune. Certains rubans avec lesquels on attachait les voiles sont prohibés: «Cela, un ruban!» dit celle qu'on arrête, en l'arrachant de dessus sa tête et le pliant dans sa main; «c'est une guirlande.» Les boutons ne sont point des boutons; l'hermine n'est point de l'hermine, ainsi du reste. Les officiers, les magistrats en perdent la tête, et l'on est obligé de révoquer la loi.

206Hanoviæ, 1511, 2 vol. in-fol.
207Foscarini, Letteratura Veneziana, p. 417.
208Famil., l, XIII, ép. 7, manuscrit de la Biblioth. impér., n°. 8568; Mém. pour la Vie de Pétr., t. III, p. 243.
209Scribimus indocti doctique poemata pessim. (Ep. I, l. II. v. 117.)
210L. V, ch. 26.
211Invect. in Med.
212En 1359.
213On n'a imprimé de lui que les dix-neuf premiers livres de la traduction en prose italienne des Morales de S. Grégoire. L'auteur du reste de cette ancienne traduction est inconnu.
214En 1396.
215Vite d' illustri Fiorentini, p. 84.
216Voy. Mehus, Vita Ambrog. Camald., p. 324. Ces vers sont intitulés: Versus Francisci organistœ de Florentiâ.
217Tiraboschi, t. V, p. 492.
218Au château de Stignano, dans Valdinievole, près de Pescia.
219Elle se nommait Piera, et était de Pescia, ville voisine du château où il était né. Tiraboschi, ub supr.
220Tiraboschi, ub. supr.
221Elles ont été publiées en deux différents recueils, l'un donné par l'abbé de Mehus, l'autre par Lami. Mehus ne fit paraître que la première partie du sien, Florence, 1741, avec une savante préface et des notes; prévenu par Lami, qui en publia un en deux volumes, Florence, 1742, il n'acheva point son édition. Lami se donna le tort de parler du modeste et savant Mehus avec beaucoup d'aigreur et d'emportement. Mazzuchelli, note 7, sur la Vie de Coluccio, par Philippe Villani, p. xxiii, observe qu'on doit réunir ces deux recueils, les lettres de l'un n'étant pas les mêmes que celles de l'autre. Il s'en faut bien qu'ils contiennent tout ce que l'auteur en avait écrit: la plus grande partie est restée inédite dans les Bibliothèques de Florence.
222De Nobilitate legum ac Medicinœ. Venise, 1542.
223On en trouve les titres dans Tiraboschi, t. V, p. 497; Mazzuchelli, notes sur Philippe Villani; l'abbé Mehus, Vit. Ambr. Camald., et dernièrement M. J. B. Corniani, I secoli della Letter. ital. t. I, p. 413.
224Page 309 et suiv. Il y donne aussi des fragments de plusieurs autres pièces inédites du même auteur.
225Tiraboschi, ub. supr., p. 496.
226Storia della vulgar poesia, et Storia e rag. d'ogni poesia.
227À trente-trois ans.
228M. Giamb. Corniani, I secoli della Letter. ital., t. I, p. 388.
229Le Vocabolario Cateriniano, qui fut alors lacéré et brûlé à Florence, par la main du bourreau, y a été réimprimé depuis, sous le faux titre de Manille, et sans date, in-4., avec un Supplément qui le complète. Gamba, Testi di Lingua, p. 88.
230Pag. 341; elle commence ainsi: O Spirito santo, vieni nel mio core Per la tua potenzia traila a te, Dio, etc.
231La première édition fut donnée à Rome, en 1559, in-8, par Nicolo Pilli de Pistoja, le même qui publia aussi les Œuvres de Cino.
232Della ragione Poetica, l. II, §. 29 et 30.
233Era il giorno che al sol si scolorano, etc.
234Erano i miei pensier ristretti al core.
235Lami, loc. cit., au commencement de l'avis au lecteur.
236Elle a pour titre: Morale di Franco Sacchetti da Firence per la morte di M. Francesco Petrarca.
237Préface de la bonne édition donnée à Naples, sous le titre de Florence, en 1724, par le savant Bottari.
238Aujourd'hui le Palazzo Vecchio.
239Stor. fiorent., l. XIV.
240Bottari, ub. sup.
241Intonata per Francum Sacchetti, ou Francus dedit sonum. Bottari, ub. sup.
242E quando io penso al mio signor Petrarca,Quel ch' acquistò in Laura pe' suoi versi,Misero i' scrivo in ghiaccio, e'l tempo varca.
243Je ne connais qu'un sonnet cité par Crescembeni, Stor. della Volg. Poesia, l. II, n°. 8; la canzone sur la mort de Pétrarque, dont il est parlé ci-dessus, une autre canzone qui vaut mieux, dans le Recueil des Rime Antiche, qui suit la Bella Mano, réimpression de 1750, et quatre sonnets dans la préface de Bottari.
244Bottari, ub. supr. Le marquis Matteo Sacchetti, descendant du poëte, possédait à Rome, à la même époque, une copie de ce manuscrit. Id. ibid.
245Le roi ne veut rien donner à Gonelle, à moins que Gonelle n'ait d'abord obtenu quelque chose de cet abbé. Gonelle engage l'abbé à recevoir sa confession publique. Il lui avoue qu'il a le malheur de devenir loup quand il lui prend un accès d'un certain mal, de se jeter alors sur tous ceux qu'il rencontre, et de les dévorer. Il feint que l'accès lui prend: l'abbé s'enfuit épouvanté, quitte une chape magnifique qu'il portait. Gonelle s'en saisit, et va la porter devant le roi, qui en rit avec ses barons, et paie largement maître Gonelle. (Nouv. CCXII.)
246Une espèce de garçon meunier, ou de cribleur de grain (vagliatare), devenu courtisan, se présente devant ce roi. Édouard se jette sur lui et le bat quand ce pauvre diable le loue; il le récompense magnifiquement quand le garçon meunier le blâme et l'injurie; et le nouveau courtisan, aussi fin que le serait le plus ancien et le plus habile, dit à Édouard: «Sire, si V. M. veut me payer ainsi de mes mensonges, je lui dirai rarement la vérité.» (Nouv. III.)
247Philippe avait perdu un épervier qu'il aimait beaucoup; il fait promettre une récompense à qui le trouvera. C'est un paysan qui le trouve et qui veut le porter au roi. Un huissier du palais exige qu'il lui donne la moitié de la récompense promise. Le paysan, admis devant le roi, lui demande pour récompense cinquante coups de bâton. Philippe, très-surpris, veut savoir pourquoi: le paysan le lui dit naïvement. Le roi fait donner devant lui à l'huissier vingt-cinq coups de bâton, refuse au paysan sa moitié du paiement en cette monnaie, mais lui fait compter deux cents francs pour marier ses filles. (Nouv. CXCV.)
248Nouv. II.
249E forse forse se Alberto fosse stato un ricco uomo, lo inquisitore gli avrebbe dato tanto ad intendere, che si sarebbe ricomperato de' suoi denari per non essere arso o crueciato. (Nouv. II.)
250Nouv. VIII, CXIV, CXV.
251Voy. Nouv. CXXI.
252Nouv. CXXXVI.