Read the book: «Un Prix de Courage »
À propos de Morgan Rice
Morgan Rice est l'auteur à succès n 1 et l'auteur à succès chez USA Aujourd'hui de la série d'épopées fantastiques L'ANNEAU DU SORCIER, qui contient dix-sept tomes, de la série à succès n 1 SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, qui contient onze tomes (pour l'instant), de la série à succès n 1 LA TRILOGIE DES RESCAPÉS, thriller post-apocalyptique qui contient deux tomes (pour l'instant) et de la nouvelle série d'épopées fantastiques ROIS ET SORCIERS. Les livres de Morgan sont disponibles en édition audio et papier, et des traductions sont disponibles en plus de 25 langues.
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Quelques acclamations pour l’œuvre de Morgan Rice
« L'ANNEAU DU SORCIER a tous les ingrédients d'un succès immédiat : des intrigues, des contre-intrigues, du mystère, de vaillants chevaliers et des relations qui s’épanouissent entre les cœurs brisés, les tromperies et les trahisons. Ce roman vous occupera pendant des heures et satisfera toutes les tranches d'âge. À ajouter de façon permanente à la bibliothèque de tout bon lecteur de fantasy. »
–-Books and Movie Reviews, Roberto Mattos
« Rice a le talent d’emporter son lecteur dans l’histoire dès le début, en faisait preuve de grandes qualités de description qui transcendent la simple représentation du décor… Très bien écrit et très vite lu.”
–-Black Lagoon Reviews (à propos de Transformation)
« L’histoire idéale pour les jeunes lecteurs. Morgan Rice prépare ses rebondissements avec talent… Rafraîchissant et unique. L’histoire se focalise sur une fille… une fille extraordinaire ! Facile à lire mais palpitant… Accord parental souhaitable. »
–-The Romance Reviews (à propos de Transformation)
« A retenu mon attention dès le début et ne l’a pas lâchée… Cette histoire est une aventure incroyable au rythme palpitant et pleine d’action dès le premier chapitre. Il n’y a pas de temps morts. »
–-Paranormal Romance Guild (à propos de Transformation)
« Regorge d’action, de romance et de suspense. Procurez-vous un exemplaire et tombez amoureux une fois encore. »
–-vampirebooksite.com (à propos de Transformation)
« Une excellente intrigue et typiquement le genre de livre que vous aurez du mal à poser le soir. La fin est un cliffhanger tellement spectaculaire que vous voudrez immédiatement acheter le prochain livre, juste pour savoir la suite. »
–-The Dallas Examiner (à propos de Adoration)
« Un livre qui rivalise avec TWILIGHT et THE VAMPIRE DIARIES et qui vous donnera envie de lire jusqu’à la toute dernière page ! Si vous aimez l’aventure, l’amour et les vampires, ce livre est pour vous ! »
–-Vampirebooksite.com (à propos de Transformation)
« Morgan Rice prouve une fois encore qu’elle est un auteur extrêmement talentueux… Cette histoire va plaire à un large public, y compris aux jeunes fans du genre vampire/fantasy. Elle se termine de façon inattendue sur un cliffhanger qui vous laissera en état de choc. »
–-The Romance Reviews (à propos de Adoration)
Du même auteur
ROIS ET SORCIERS
LE RÉVEIL DES DRAGONS (Tome # 1)
LE RÉVEIL DU VAILLANT (Tome # 2)
L'ANNEAU DU SORCIER
LA QUÊTE DES HEROS (Tome n 1)
LA MARCHE DES ROIS (Tome n 2)
LE DESTIN DES DRAGONS (Tome n 3)
UN CRI D'HONNEUR (Tome n 4)
UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome n 5)
UN PRIX DE COURAGE (Tome n 6)
UN RITE D'ÉPÉES (Tome n 7)
UNE CONCESSION D'ARMES (Tome n 8)
UN CIEL DE CHARMES (Tome n 9)
UNE MER DE BOUCLIERS (Tome n 10)
LE RÈGNE DE L'ACIER (Tome n 11)
UNE TERRE DE FEU (Tome n 12)
LE RÈGNE DES REINES (Tome n 13)
LE SERMENT DES FRÈRES (Tome n 14)
UN RÊVE DE MORTELS (Tome n 15)
UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome n 16)
LE DON DU COMBAT (Tome n 17)
LA TRILOGIE DES RESCAPES
ARENE UN: SLAVERSUNNERS (Tome n 1)
ARENE DEUX (Tome n 2)
MEMOIRES D’UN VAMPIRE
TRANSFORMATION (Livre 1)
ADORATION (Livre 2)
TRAHISON (Livre 3)
PRÉDESTINATION (Livre 4)
DÉSIR (Tome n 5)
FIANÇAILLES (Tome n 6)
SERMENT(Tome n 7)
TROUVÉE (Tome n 8)
RENÉE (Tome n 9)
ARDEMMENT DÉSIRÉE (Tome n 10)
SOUMISE AU DESTIN (Tome n 11)
Écoutez L’ANNEAU DU SORCIER en format audio !
Copyright © 2013 par Morgan Rice
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Image de couverture : Copyright Sergii Votit, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.
« Les poltrons meurent plusieurs fois avant leur mort.
Le vaillant ne goûte jamais à la mort qu’une fois. »
--William ShakespeareJules César
CHAPITRE UN
Gwendolyn gisait dans l’herbe, face contre terre. Elle sentait la bise froide de l’hiver piquer sa peau nue. Ses paupières s’ouvrirent lentement et elle commença à distinguer de nouveau le monde autour d’elle. Elle s’était retrouvée loin, très loin, dans un champ débordant de fleurs et de lumière, aux côtés de Thor et de son père. Tous souriaient et étaient heureux. Tout avait semblé parfait dans ce monde.
À présent, comme elle ouvrait les yeux, l’endroit où elle se trouvait réellement n’aurait pas pu être plus différent. Le sol était dur, froid et celui qui se tenait devant elle et se relevait lentement, ce n’était pas son père, ni Thor, mais un monstre : McCloud. Après en avoir terminé avec elle, il se leva lentement, boucla sa ceinture et la toisa d’un air satisfait.
En un éclair, tout revint à Gwen. Sa reddition à Andronicus. Il l’avait trahie. Il l’avait jetée en pâture à McCloud. Elle s’empourpra en songeant combien elle avait été naïve.
Étendue, endolorie, le cœur en miettes, elle souhaita plus que tout mourir.
Gwendolyn ouvrit les yeux un peu plus et vit l’armée de Andronicus, des soldats par vingtaine, tous regardant la scène, et son sentiment de honte ne fit que croître. Elle n’aurait jamais dû céder à cette créature. Elle aurait préféré, finalement, mourir au combat. Elle aurait dû écouter Kendrick et ses compagnons. Andronicus avait parlé à son instinct sacrificiel, il en avait joué et elle était tombée dans le piège. Il aurait mieux valu qu’elle le rencontre au milieu de la bataille : elle en serait peut-être morte, mais elle serait partie avec dignité et son honneur sans tache.
Gwendolyn sut avec certitude, pour la première fois de sa vie, qu’elle était sur le point de quitter ce monde. Pourtant, cette idée ne la dérangeait plus. Elle ne se souciait plus de mourir. Elle voulait simplement mourir à sa façon et, pour cela, elle n’était pas encore prête.
Étendue sur le sol, Gwendolyn tendit furtivement la main pour attraper une poignée de terre.
– Tu peux te relever, femme, ordonna McCloud d’un ton bourru. J’en ai fini avec toi. Je laisse ma place à d’autres.
Gwen serra la terre dans son poing, si fort que ses articulations blanchirent. Elle pria pour que son plan fonctionne.
D’un geste vif, elle se retourna et jeta la poignée de terre dans les yeux de McCloud.
Il ne s’y attendait pas. Il poussa un cri et tituba, levant ses mains pour chasser la poussière de ses yeux.
Gwen en profita. Élevée au Château du Roi, elle avait reçu l’instruction des guerriers de son père. Ils lui avaient toujours dit d’attaquer une seconde fois avant que l’ennemi n’ait eu le temps de reprendre ses esprits. Ils lui avaient également appris une leçon qu’elle n’oublierait jamais : qu’elle porte une arme ou non, elle était en réalité toujours armée. Elle pouvait utiliser l’arme de son ennemi.
Gwen tendit le bras, tira la dague à la ceinture de McCloud, l’éleva et la plongea entre les jambes de son ennemi.
McCloud poussa un cri encore plus terrible. Ses mains quittèrent son visage pour agripper désespérément son entrejambe. Le sang coula à flot entre ses cuisses quand il retira la dague, haletant.
Elle se réjouit d’avoir atteint sa cible, d’avoir au moins cette petite vengeance. Cependant, à sa grande surprise, la blessure, qui aurait abattu n’importe qui, ne le ralentit pas. Impossible d’arrêter ce monstre ! Elle l’avait sévèrement touché à l’endroit qui le méritait, mais elle ne l’avait pas tué. Il n’était même pas tombé à genoux.
Au lieu de cela, McCloud retira la dague sanguinolente et la toisa, la mort au fond des yeux. Il allait se jeter sur elle, en brandissant la dague entre ses mains tremblantes, et Gwendolyn sut qu’elle allait mourir. Au moins, elle mourait avec un peu de satisfaction.
– Je vais t’arracher le cœur et te le faire bouffer, dit-il. Prépare-toi : tu vas connaître la vraie douleur.
Gwendolyn se tendit comme un arc comme la dague filait vers elle, prête à rencontrer une mort violente.
Un cri s’éleva soudain. Après un instant de surprise, Gwendolyn se rendit compte avec stupéfaction que ce hurlement de douleur n’était pas venu d’elle. C’était McCloud. Il était à l’agonie.
Gwen jeta un coup d’œil derrière ses bras recroquevillés devant son visage. McCloud avait lâché son arme. Elle cligna des yeux plusieurs fois en essayant de comprendre ce qui se passait.
Une flèche transperçait l’œil de McCloud. Il poussa un hurlement strident, comme le sang jaillissait de l’orbite, et arracha le projectile d’un coup sec. Elle ne comprenait pas. Quelqu’un lui avait tiré dessus. Mais comment ? Qui ?
Gwen se tourna de l’autre côté, vers le tireur, et son cœur se serra à la vue de Steffen, debout, un arc entre les mains, dissimulé derrière un groupe de soldats. Avant que quiconque n’ait eu le temps de réagir, Steffen décocha six flèches supplémentaires. Un par un, les six soldats qui se tenaient près de McCloud basculèrent, la gorge transpercée de part en part.
Steffen tendit la main vers son carquois pour tirer à nouveau mais quelqu’un finit par le repérer. Un groupe de soldats se jeta sur lui, avant de le maîtriser et le rouer de coups.
McCloud, qui hurlait toujours, partit en courant dans la foule. Étonnamment, il n’était toujours pas mort. Elle espéra qu’il se viderait de son sang.
La reconnaissance de Gwen à l’égard de Steffen menaçait de faire éclater son cœur. Elle savait qu’elle mourrait ici de la main d’un homme mais, au moins, ce ne serait plus de la main de McCloud.
Un silence tomba sur le camp de soldats quand Andronicus se leva et marcha lentement vers Gwendolyn. Elle resta étendue et le regarda s’approcher. Il semblait incroyablement grand, comme une montagne marchant vers elle. Des soldats le suivirent et un silence de mort s’abattit sur les rangs des soldats. Seul se faisait entendre le sifflement du vent.
Andronicus s’arrêta à quelques pas, dominant Gwendolyn de toute sa hauteur, le visage inexpressif. Il leva lentement la main pour jouer avec les têtes réduites autour de son cou et un son étrange surgit des profondeurs de sa poitrine et de sa gorge, comme un ronronnement. Il semblait à la fois agacé et intrigué.
– Tu défies le grand Andronicus, dit-il lentement.
Le camp était suspendu à ses lèvres et à sa voix ancienne et profonde, qui résonnait avec autorité à travers les plaines.
– Tu aurais dû te soumettre à ton châtiment. Cela aurait été plus facile pour toi. Maintenant, tu vas devoir apprendre ce que c’est que la vraie douleur.
Andronicus tira alors l’épée la plus longue de Gwen ait jamais vue. Elle faisait bien deux mètres et demi de long et le chuintement caractéristique de la lame quittant le fourreau résonna sur le champ de bataille. Il la leva au-dessus de sa tête, la fit tourner sous les rayons du soleil et la lame refléta la lumière d’une façon si éclatante que Gwen en fut presque aveuglée. Il l’examina et la tourna entre ses mains, comme s’il la voyait pour la première fois.
– Tu es une femme de haute naissance, dit-il. Il est juste que tu sois tué par une noble épée.
Andronicus fit deux pas en avant, saisit la poignée à deux mains et leva l’épée plus haut encore.
Gwendolyn ferma les yeux, à l’écoute du sifflement du vent et du mouvement des brins d’herbe. Des souvenirs disparates de sa vie lui revinrent brusquement. Elle ressentit au fond d’elle tous ceux qu’elle aimait, tout ce qu’elle avait fait et la plénitude de sa vie. Enfin, elle pensa à Thor. Elle porta la main à son cou, saisit l’amulette qu’il lui avait donnée et la serra dans son poing fermé. Elle pouvait sentir le pouvoir qui émanait de cette ancienne pierre rouge et se rappela les mots de Thor : cette amulette peut sauver ta vie. Une seule fois.
Elle la serra plus fort encore, la sentit palpiter contre sa paume, et pria Dieu avec toutes les fibres de son être.
S’il te plaît, Dieu, fais que cette amulette marche. S’il te plaît, sauve-moi, juste cette fois. Laisse-moi voir Thor encore une fois.
Gwendolyn ouvrit les yeux, en s’attendant à voir l’épée de Andronicus fondre sur elle. Ce qu’elle vit vraiment la stupéfia. Andronicus se tenait debout comme pétrifié et regardait par-dessus l’épaule de Gwen, comme si quelqu’un s’approchait. Il semblait surpris, même perdu, et ce n’était pas l’expression qu’elle s’attendait à lire sur son visage.
– Tu vas baisser ton arme, maintenant, dit une voix derrière Gwendolyn.
Elle se sentit électrisée par le timbre de cette voix. C’était une voix qu’elle connaissait. Elle se retourna. À sa grande stupéfaction, celui qui se tenait là était l’homme qu’elle connaissait aussi bien que son propre père.
Argon.
Il était vêtu de sa robe blanche, la capuche rabattue sur le front, ses yeux brillant avec plus d’intensité que jamais et fixés sur Andronicus. Steffen et Gwendolyn gisaient par terre entre ces deux géants, deux créatures d’une incroyable force, l’une venue des ténèbres et l’autre de la lumière, montées l’une contre l’autre. Gwen sentait presque qu’une guerre spirituelle faisait rage au-dessus de sa tête.
– Vraiment ? dit Andronicus avec un sourire moqueur.
Mais Gwen vit ses lèvres trembler et, pour la première fois, aperçut dans le regard de Andronicus quelque chose qui ressemblait à la peur. Elle n’aurait jamais imaginé… Andronicus connaissait probablement Argon. Et ce qu’il savait de lui suffisait à effrayer l’homme le plus puissant du monde.
– Tu ne feras pas de mal à la fille, dit-il calmement. Tu vas accepter sa reddition, ajouta-t-il en faisant un pas en avant, les yeux brillants comme pour hypnotiser son interlocuteur. Tu vas la laisser retourner auprès de son peuple et tu laisseras son peuple capituler s’il le souhaite. Je ne te le demanderai qu’une seule fois. Tu serais sage d’accepter.
Andronicus renvoya à Argon son regard, cligna des yeux plusieurs fois, comme indécis.
Enfin, il renversa la tête et éclata de rire. C’était le rire le plus fort et le plus sinistre que Gwen ait jamais entendu. Il emplit tout le camp et sembla s’élever jusqu’au ciel.
– Tes tours de sorcier ne marchent pas sur moi, vieil homme, dit Andronicus. Je connais le Grand Argon. Tu as été puissant, fut un temps, plus puissant que les hommes, plus puissant que les dragons, plus puissant que le ciel lui-même. C’est ce que l’on raconte, du moins. Mais ton temps a passé. C’est une nouvelle ère : l’ère du Grand Andronicus. Tu n’es plus qu’une relique, un résidu du passé, du temps où les MacGils régnaient, du temps où la magie était forte. Quand l’Anneau était impénétrable. Mais ton destin est lié à l’Anneau et, à présent, l’Anneau est faible. Tout comme toi. Tu es sot de m’affronter, vieil homme. Maintenant, tu vas souffrir, tu vas connaître la force du Grand Andronicus.
Andronicus ricana et leva à nouveau son épée en direction de Gwendolyn. Cette fois, il regardait Argon droit dans les yeux.
– Je vais tuer cette fille lentement sous tes yeux, dit Andronicus. Puis je vais tuer le bossu. Puis je vais t’estropier et te laisser en vie pour que tu sois le symbole vivant de ma grandeur.
Gwendolyn se prépara et se recroquevilla quand Andronicus abattit la lame sur sa tête.
Soudain, quelque chose se passa. Un bruit perça l’air comme le craquement d’un millier de feux. Il fut suivi par le hurlement de Andronicus.
Elle ouvrit les yeux, stupéfaite, et vit son bourreau se tordre de douleur puis lâcher son épée et tomber à genoux. Argon fit un pas en avant, puis un autre. Sa main tendue brillait d’une lueur violette. La lumière enveloppa Andronicus et Argon continuait d’avancer, le visage inexpressif, toujours plus près de son adversaire.
Andronicus se recroquevilla et se roula en boule sur le sol comme la lumière le recouvrait.
Des hoquets se firent entendre parmi ses hommes mais aucun n’osa intervenir, soit parce qu’ils avaient peur, soit parce que Argon les retenait prisonniers d’un sortilège d’impuissance.
– ARRÊTEZ ÇA ! cria Andronicus en se bouchant les oreilles. JE VOUS EN SUPPLIE !
– Tu ne feras plus de mal à la fille, dit lentement Argon.
– Je ne ferai plus de mal à la fille ! répéta Andronicus, comme en transe.
– Tu vas la relâcher et la laisser rejoindre son peuple.
– Je vais la relâcher et la laisser rejoindre son peuple !
– Tu donneras à son peuple la possibilité de capituler.
– Je donnerai à son peuple la possibilité de capituler ! cria Andronicus. S’il vous plaît ! Je ferai tout ce que vous voudrez !
Argon prit une grande inspiration, puis s’arrêta. La lueur disparut et il baissa lentement son bras.
Gwen leva vers lui un regard stupéfait. Elle ne l’avait jamais vu en action et réalisait à peine sa puissance. C’était comme voir soudain les portes du paradis s’ouvrir.
– Si nous nous croisons de nouveau, ô Grand Andronicus, dit lentement Argon en baissant les yeux vers Andronicus qui sanglotait, tu seras sur le chemin vers le plus sombre royaume de l’enfer.
CHAPITRE DEUX
Thor lutta pour se dégager de l’étreinte ferme des soldats impériaux, tout en regardant Durs, un homme qu’il avait considéré comme son frère, lever son épée pour le tuer.
Thor ferma les yeux et attendit le coup. Son heure était venue. Il se morigéna d’avoir été si stupide, si confiant. Ils lui avaient tendu un piège depuis le début, comme envoyant un agneau à l’abattoir. Pire encore, ses compagnons avait fait confiance au jugement de Thor. Il n’était pas le seul à pâtir de son erreur : il emportait les autres dans sa chute. Sa naïveté et sa crédulité les avaient tous mis en danger.
Comme Thorgrin se débattait, il tenta de rassembler son pouvoir, de faire appel à cette force enfouie au fond de lui-même, juste assez pour briser ses liens et se défendre contre son assaillant.
Mais il pouvait essayer tant qu’il voulait, ça ne venait pas. Sa puissance n’était pas suffisante pour se dégager des soldats qui le maintenaient.
Thor sentit le vent caresser son visage, comme Durs abattait son épée. Il se prépara à l’impact imminent. Il n’était pas prêt à mourir. En pensée, il voyait encore Gwendolyn, qui l’attendait dans l’Anneau. Elle aussi pâtissait de son erreur.
Thor entendit alors un bruit soudain au-dessus de sa tête. Il ouvrit les yeux et fut surpris de constater qu’il était toujours en vie. Un énorme soldat de l’Empire avait arrêté le bras de Durs en attrapant son poignet en pleine course – une prouesse, étant donné la taille de Durs. Il maintenait le poignet de Durs et le fil de son épée à quelques centimètres du visage de Thor.
Durs se tourna vers le soldat, surpris.
– Notre chef ne veut pas qu’ils meurent, murmura sombrement le soldat. Il les veut vivants. Prisonniers.
– Personne ne nous a dit ça, protesta Durs.
– C’était notre marché. Vous deviez nous laisser les tuer ! ajouta Dross.
– Les termes du marché ont changé, répondit le soldat.
– Vous ne pouvez pas faire ça ! lança Drake.
– Vraiment ? répondit sinistrement le soldat en se tournant vers lui. Nous pouvons faire ce que nous voulons. En fait, vous êtes nos prisonniers, vous aussi.
Le soldat sourit et ajouta :
– Plus nous aurons d’hommes de la Légion à échanger contre une rançon, mieux ce sera.
Durs lui jeta un regard, le visage déformé par la rage et l’indignation. Un instant plus tard, une douzaine de soldats se jetaient sur les trois frères en plein chaos, les plaquèrent au sol et ligotèrent leurs poignets.
Thor profita de l’agitation pour chercher Krohn du regard et le repéra à quelques mètres de là, dissimulé dans les ombres mais restant loyalement à ses côtés.
– Krohn, aide-moi, cria Thor. MAINTENANT !
Krohn surgit en grondant, comme volant dans les airs. Il atterrit en plantant ses crocs dans la gorge du soldat qui retenait Thor. Thor se libéra, comme Krohn sautait d’un soldat à l’autre, toutes griffes dehors. Il saisit son épée, la fit tournoyer et, d’un seul mouvement, trancha trois têtes.
Il se précipita ensuite vers Reece, qui était le plus près, et transperça le cœur du soldat qui le retenait. Libéré, Reece tira son épée et se lança dans la bataille. Les deux filèrent vers leurs frères de Légion, attaquant les hommes de l’Empire pour libérer Elden, O’Connor, Conval et Conven.
Drake, Durs et Dross retenaient l’attention des autres soldats. Quand ceux-ci finirent par tourner la tête et comprirent ce qui se passait, c’était trop tard. Thor, Reece, O’Connor, Elden, Conval et Conven étaient libres, l’épée au clair. Bien sûr, les hommes de la Légion étaient en sous-nombre et Thor savait que la bataille serait difficile. Au moins, ils avaient la possibilité de se défendre. Téméraires, tous chargèrent l’ennemi.
La centaine de soldats impériaux attaqua à son tour. Thor entendit un cri strident au-dessus de sa tête et, levant les yeux, aperçut Estopheles. Son faucon plongea et griffa de ses serres les yeux du meneur qui s’écroula en se tordant de douleur. Estopheles se jeta sur les autres, pour les abattre un par un.
Comme il chargeait avec ses compagnons, Thor plaça une pierre dans sa fronde et la projeta, heurtant un soldat à la tempe. L’homme tomba avant de les atteindre. O’Connor réussit à décocher deux flèches qui trouvèrent leur cible avec une précision mortelle. Elden lança un javelot, transperçant deux soldats qui tombèrent à genoux. C’était un bon début, mais il restait une centaine de soldats à tuer.
Ils se rencontrèrent à mi-chemin au son d’un féroce cri de guerre. Thor fit ce qu’on lui avait appris et se concentra sur un soldat en particulier : il choisit le plus gros et le plus sauvage qu’il put trouver et leva son épée. Il y eut un fracas de métal quand un bouclier bloqua la lame de Thor. Son assaillant abattit alors un marteau en direction de sa tête.
Thor fit un écart et le marteau ne trouva que la terre. Thor tira sa dague de sa ceinture et le poignarda. L’homme s’effondra, mort.
Thor leva son bouclier à temps pour arrêter le coup de deux soldats et para d’un coup d’épée. Il tua l’un des deux. Il était sur le point d’abattre le second quand il vit du coin de l’œil l’éclat d’une lame. Il se retourna et la bloqua avec son bouclier.
Les assaillants survenaient maintenant de toutes parts. Ils étaient trop nombreux. Tout ce que Thor pouvait faire, c’était bloquer les coups qui pleuvaient sur lui. Il n’avait ni le temps, ni l’énergie pour attaquer, mais seulement pour se défendre. Et de plus en plus d’hommes surgissaient.
Thor balaya la scène du regard et vit que ses frères de Légion étaient dans le même pétrin. Tous s’étaient débrouillés pour tuer un ou deux soldats mais, en sous nombre, ils payaient le prix fort et recevaient des blessures mineures de tous côtés. Thor voyait bien qu’ils perdaient du terrain, même si Krohn ne cessait de bondir et d’attaquer, même si Indra les aidait en lançant des cailloux sur leurs assaillants. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne soient maîtrisés et tués.
– Libère-nous ! appela une voix.
Thor se tourna et vit Drake, ligoté comme ses frères qui se trouvaient à quelques pas seulement.
– Libère-nous ! répéta Drake. Et nous t’aiderons à les vaincre ! Nous nous battons pour la même cause !
Comme Thor levait son bouclier pour bloquer de nouveau un formidable coup de hache, il se rendit compte que trois paires de bras supplémentaires pourraient vraiment les aider. Sans eux, ils n’auraient aucune chance de vaincre ces soldats. Thor n’était pas prêt à leur faire confiance mais, étant donné la situation, il ne perdait rien à essayer. Après tout, les trois frères avaient de bonnes raisons de se battre, eux aussi.
Thor para un coup d’épée, puis tomba à genoux et fit une roulade à travers la foule jusqu’à atteindre les trois frères. Il sauta et trancha leurs liens, l’un après l’autre, tout en les protégeant des coups. Les frères tirèrent leurs épées et se lancèrent dans la bataille.
Drake, Dross et Durs chargèrent le large groupe de soldats impériaux, entaillant, poignardant et transperçant les corps devant eux. Les trois étaient bien bâtis et de talentueux bretteurs. De plus, ils prirent les soldats impériaux par surprise, ce qui leur permit d’en tuer un certain nombre dans un laps de temps très court. Thor se sentait un peu mal à l’aise de les avoir libérés, après ce qu’ils avaient fait… Mais, étant donné les circonstances, c’était le choix le plus sage. Mieux que la mort.
À présent, ils étaient neuf contre les quatre-vingt soldats qui restaient. Ils étaient toujours en sous-nombre, mais un peu moins qu’avant.
Les frères de Légion retrouvèrent instinctivement les manœuvres apprises à l’entraînement, enracinées en eux depuis les Cent. Kolk et Brom leur avaient enseigné la manière de se battre contre une armée plus nombreuse : ils reculèrent et formèrent un cercle, dos à dos, pour affronter comme un seul homme les soldats impériaux survenant de tous côtés. L’arrivée de trois nouveaux guerriers leur donna une nouvelle énergie et ils repoussèrent l’ennemi encore plus vigoureusement qu’avant.
Conval tira son fléau et le fit virevolter, frappant ses assaillants encore et encore. Il abattit trois soldats avant que la chaîne ne lui soit arrachée. Son frère Conven utilisait une simple masse et fauchait les jambes de ses adversaires en faisant tournoyer l’arme hérissée de pointes. O’Connor ne pouvait pas tirer à l’arc à une telle distance mais il réussit à tirer deux dagues de sa ceinture et les lança dans la foule, tuant deux hommes. Elden brandissait avec férocité son marteau à deux mains et faisait pleuvoir autour de lui une pluie de coups. Thor et Reece, quant à eux, bloquaient et ripostaient à coups d’épée de façon experte. L’espace d’un instant, Thor se sentit optimiste.
Ce fut alors que, du coin de l’œil, il aperçut quelque chose qui l’inquiéta. Il vit les trois frères se tourner et charger à travers le cercle que formait la Légion. Il vit Durs. Il ne se précipitait par sur un soldat de l’Empire mais sur lui. Sur Thor. Il visait son dos.
Tout se passa trop vite et Thor, qui affrontait deux soldats devant lui, ne put se retourner à temps.
Il sut qu’il allait mourir. Il allait se faire poignarder dans le dos par un garçon qu’il avait un jour considéré comme son frère, par un garçon à qui il avait accordé sa confiance deux fois, à tort.
Soudain, Conval apparut entre eux, pour le protéger.
Comme Durs abattait son épée dans le dos de Thor, il trouva à la place la poitrine de Conval.
Thor se retourna et poussa un hurlement :
– CONVAL!
Conval resta pétrifié un instant, les yeux grands ouverts, puis il baissa les yeux vers la lame qui lui transperçait le cœur et le sang qui jaillissait de sa poitrine.
Durs lui renvoya son regard, aussi surpris que lui.
Conval tomba sur les genoux dans un bain de sang. Thor eut l’impression qu’il basculait au ralenti, son frère de Légion qui lui était si proche, un garçon qu’il avait aimé comme un frère, face contre terre, mort. Pour sauver la vie de Thor.
Debout devant lui, Durs regardait sa victime, apparemment choqué par ce qu’il venait de faire.
Thor plongea en avant pour le tuer, mais Conven fut plus rapide. Le jumeau de Conval se précipita, fit tournoyer son épée et décapita Durs, dont le corps s’affaissa.
Thor se sentit soudain incroyablement vide et écrasé par un sentiment de culpabilité. Il avait fait une erreur de jugement de trop. S’il n’avait pas libéré Durs, Conval serait encore en vie.
Comme le dos des hommes de la Légion était maintenant exposé, les soldats de l’Empire saisirent l’opportunité. Ils s’engouffrèrent dans la brèche et Thor sentit un marteau s’abattre entre ses omoplates. La violence du coup l’envoya rouler au sol, tête la première.
Avant qu’il ne puisse se relever, plusieurs soldats se jetèrent sur lui et posèrent leurs pieds sur son dos. L’un d’eux l’attrapa par les cheveux et se pencha sur lui avec une dague.
– Dis adieu, garçon, dit-il.
Thor ferma les yeux. Il se sentit alors comme transporté dans un autre monde.
S’il te plaît, Dieu, dit Thor en lui-même. Laisse-moi vivre. Donne-moi la force de tuer ces soldats. Laisse-moi mourir un autre jour, à un autre endroit, avec honneur. Laisse-moi vivre assez longtemps pour venger leurs morts. Pour voir Gwendolyn une dernière fois.
Comme Thor gisait là et regardait la dague fondre sur lui, il eut l’impression que le temps se mettait à ralentir. Une vague de chaleur balaya son corps, ses jambes, son torse, ses bras, jusqu’au bout de ses doigts – un étrange picotement, si intense qu’il ne semblait plus pouvoir refermer son poing. Cette vague d’énergie et de chaleur était prête à éclater.