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Œuvres complètes de Gustave Flaubert, tome 2

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XV
MATHO

Carthage était en joie, – une joie profonde, universelle, démesurée, frénétique; on avait bouché les trous des ruines, repeint les statues des Dieux, des branches de myrte parsemaient les rues, au coin des carrefours l'encens fumait, et la multitude sur les terrasses faisait avec ses vêtements bigarrés comme des tas de fleurs qui s'épanouissaient dans l'air.

Le continuel glapissement des voix était dominé par le cri des porteurs d'eau arrosant les dalles; des esclaves d'Hamilcar offraient, en son nom, de l'orge grillée et des morceaux de viande crue; on s'abordait; on s'embrassait en pleurant; les villes tyriennes étaient prises, les Nomades dispersés, tous les Barbares anéantis. L'Acropole disparaissait sous des velariums de couleurs; les éperons des trirèmes, alignés en dehors du môle, resplendissaient comme une digue de diamants; partout on sentait l'ordre rétabli, une existence nouvelle qui recommençait, un vaste bonheur épandu: c'était le jour du mariage de Salammbô avec le roi des Numides.

Sur la terrasse du temple de Khamon, de gigantesques orfèvreries chargeaient trois longues tables où allaient s'asseoir les prêtres, les anciens et les piches, et il y en avait une quatrième plus haute, pour Hamilcar, pour Narr'Havas et pour elle; car Salammbô par la restitution du voile ayant sauvé la patrie, le peuple faisait de ses noces une réjouissance nationale, et en bas, sur la place, il attendait qu'elle parût.

Un autre désir plus âcre, irritait son impatience: la mort de Mâtho était promise pour la cérémonie.

On avait proposé d'abord de l'écorcher vif, de lui couler du plomb dans les entrailles, de le faire mourir de faim; on l'attacherait contre un arbre, et un singe, derrière lui, le frapperait sur la tête avec une pierre; il avait offensé Tanit, les cynocéphales de Tanit la vengeraient. D'autres étaient d'avis qu'on le promenât sur un dromadaire, après lui avoir passé en plusieurs endroits du corps des mèches de lin trempées d'huile; – et ils se plaisaient à l'idée du grand animal vagabondant par les rues avec cet homme qui se tordrait sous les feux comme un candélabre agité par le vent.

Mais quels citoyens seraient chargés de son supplice et pourquoi en frustrer les autres? On aurait voulu un genre de mort où la ville entière participât, et que toutes les mains, toutes les armes, toutes les choses carthaginoises, et que jusqu'aux dalles des rues et aux flots du golfe pussent le déchirer, l'écraser, l'anéantir. Donc les anciens décidèrent qu'il irait de sa prison à la place de Khamon, sans aucune escorte, les bras attachés dans le dos; et il était défendu de le frapper au cœur pour le faire vivre plus longtemps, de lui crever les yeux, afin qu'il pût voir jusqu'au bout sa torture, de rien lancer contre sa personne et de porter sur elle plus de trois doigts d'un seul coup.

Bien qu'il ne dût paraître qu'à la fin du jour, quelquefois on croyait l'apercevoir, et la foule se précipitait vers l'Acropole, les rues se vidaient, puis elle revenait avec un long murmure. Des gens, depuis la veille, se tenaient debout à la même place, et de loin ils s'interpellaient en se montrant leurs ongles, qu'ils avaient laissé croître pour les enfoncer mieux dans sa chair. D'autres se promenaient agités; quelques-uns étaient pâles comme s'ils avaient attendu leur propre exécution.

Tout à coup, derrière les Mappales, de hauts éventails de plumes se levèrent au-dessus des têtes. C'était Salammbô qui sortait de son palais; un soupir d'allègement s'exhala.

Mais le cortège fut longtemps à venir; il marchait pas à pas.

D'abord défilèrent les prêtres des Patæques, puis ceux d'Eschmoûn, ceux de Melkarth et tous les autres collèges successivement, avec les mêmes insignes et dans le même ordre qu'ils avaient observé lors du sacrifice. Les pontifes de Moloch passèrent le front baissé; et la multitude, par une espèce de remords, s'écartait d'eux. Mais les prêtres de la Rabbetna s'avançaient d'un pas fier, avec des lyres à la main; les prêtresses les suivaient dans des robes transparentes de couleur jaune ou noire, en poussant des cris d'oiseau, en se tordant comme des vipères; ou bien au son des flûtes, elles tournaient pour imiter la danse des étoiles, et leurs vêtements légers envoyaient dans les rues des bouffées de senteurs molles. On applaudissait parmi ces femmes les Kedeschim aux paupières peintes, symbolisant l'hermaphrodisme de la Divinité; et parfumés et vêtus comme elles, ils leur ressemblaient malgré leurs seins plats et leurs hanches plus étroites. D'ailleurs le principe femelle, ce jour-là, dominait, confondait tout; une lasciveté mystique circulait dans l'air pesant; déjà les flambeaux s'allumaient au fond des bois sacrés; il devait y avoir pendant la nuit une grande prostitution; trois vaisseaux avaient amené de la Sicile des courtisanes et il en était venu du désert.

Les collèges, à mesure qu'ils arrivaient, se rangeaient dans les cours du temple, sur les galeries extérieures et le long des doubles escaliers qui montaient contre les murailles, en se rapprochant par le haut. Des files de robes blanches apparaissaient entre les colonnades, et l'architecture se peuplait de statues humaines, – immobiles comme les statues de pierre.

Puis survinrent les maîtres des finances, les gouverneurs des provinces et tous les riches. Il se fit en bas un large tumulte. Des rues avoisinantes la foule se dégorgeait, des hiérodoules la repoussaient à coups de bâton; et au milieu des anciens, couronnés de tiares d'or, sur une litière que surmontait un dais de pourpre, on aperçut Salammbô.

Alors s'éleva un immense cri; les cymbales et les crotales sonnèrent plus fort, les tambourins tonnaient, et le grand dais de pourpre s'enfonça entre les deux pylônes.

Il reparut au premier étage. Salammbô marchait dessous, lentement; puis elle traversa la terrasse pour aller s'asseoir au fond, sur une espèce de trône taillé dans une carapace de tortue. On lui avança sous les pieds un escabeau d'ivoire à trois marches; au bord de la première, deux enfants nègres se tenaient à genoux, et quelquefois elle appuyait sur leur tête ses deux bras, chargés d'anneaux trop lourds.

Des chevilles aux hanches, elle était prise dans un réseau de mailles étroites imitant les écailles d'un poisson et qui luisaient comme de la nacre; une zone toute bleue serrant sa taille laissait voir ses deux seins, par deux échancrures en forme de croissant; des pendeloques d'escarboucles en cachaient les pointes. Elle avait une coiffure faite avec des plumes de paon étoilées de pierreries; un large manteau, blanc comme de la neige, retombait derrière elle, – et les coudes au corps, les genoux serrés, avec des cercles de diamants au haut des bras, elle restait toute droite dans une attitude hiératique.

Sur deux sièges plus bas étaient son père et son époux; Narr'Havas, habillé d'une simarre blonde, portait sa couronne de sel gemme d'où s'échappaient deux tresses de cheveux, tordues comme des cornes d'Ammon; et Hamilcar, en tunique violette brochée de pampres d'or, gardait à son flanc un glaive de bataille.

Dans l'espace que les tables enfermaient, le python du temple d'Eschmoûn, couché par terre, entre des flaques d'huile rose, décrivait en se mordant la queue un grand cercle noir. Il y avait au milieu du cercle une colonne de cuivre supportant un œuf de cristal; comme le soleil frappait dessus, des rayons de tous les côtés en partaient.

Derrière Salammbô se développaient les prêtres de Tanit en robe de lin; les anciens, à sa droite, formaient, avec leur tiare, une grande ligne d'or, et, de l'autre côté, les riches, avec leurs sceptres d'émeraude, une grande ligne verte, – tandis que, tout au fond, où étaient rangés les prêtres de Moloch, on aurait dit, à cause de leurs manteaux, une muraille de pourpre. Les autres collèges occupaient les terrasses inférieures. La multitude encombrait les rues. Elle remontait sur les maisons et allait, par longues files, jusqu'au haut de l'Acropole. Ayant ainsi le peuple à ses pieds, le firmament sur la tête, autour d'elle l'immensité de la mer, le golfe, les montagnes et les perspectives des provinces, Salammbô resplendissante se confondait avec Tanit et semblait le génie même de Carthage, son âme corporifiée.

Le festin devait durer toute la nuit, et des lampadaires à plusieurs branches étaient plantés, comme des arbres, sur les tapis de laine peinte qui enveloppaient les tables basses. De grandes buires d'électrum, des amphores de verre bleu, des cuillères d'écaille et des petits pains ronds se pressaient dans la double série des assiettes à bordure de perles; des grappes de raisin avec leurs feuilles étaient enroulées comme des thyrses à des ceps d'ivoire; des blocs de neige se fondaient sur des plateaux d'ébène, et des limons, des grenades, des courges et des pastèques faisaient des monticules sous les hautes argenteries; des sangliers, la gueule ouverte, se vautraient dans la poussière des épices; des lièvres, couverts de leurs poils, paraissaient bondir entre les fleurs; des viandes composées emplissaient des coquilles; les pâtisseries avaient des formes symboliques; quand on retirait les cloches des plats, il s'envolait des colombes.

Cependant les esclaves, la tunique retroussée, circulaient sur la pointe des orteils; de temps à autre, les lyres sonnaient un hymne, ou bien un chœur de voix s'élevait. La rumeur du peuple, continue comme le bruit de la mer, flottait vaguement autour du festin et semblait le bercer dans une harmonie plus large; quelques-uns se rappelaient le banquet des Mercenaires; on s'abandonnait à des rêves de bonheur; le soleil commençait à descendre, et le croissant de la lune se levait déjà dans l'autre partie du ciel.

Mais Salammbô, comme si quelqu'un l'eût appelée, tourna la tête; le peuple, qui la regardait, suivit la direction de ses yeux.

Au sommet de l'Acropole, la porte du cachot, taillé dans le roc au pied du temple, venait de s'ouvrir; et, dans ce trou noir, un homme sur le seuil était debout.

 

Il en sortit courbé en deux, avec l'air effaré des bêtes fauves quand on les rend libres tout à coup.

La lumière l'éblouissait; il resta quelque temps immobile. Tous l'avaient reconnu, et ils retenaient leur haleine.

Le corps de cette victime était pour eux une chose particulière et décorée d'une splendeur presque religieuse. Ils se penchaient pour le voir, les femmes surtout. Elles brûlaient de contempler celui qui avait fait mourir leurs enfants et leurs époux; et du fond de leur âme, malgré elles, surgissait une infâme curiosité, – le désir de le connaître complètement, envie mêlée de remords et qui se tournait en un surcroît d'exécration.

Enfin il s'avança; l'étourdissement de la surprise s'évanouit. Quantité de bras se levèrent, et on ne le vit plus.

L'escalier de l'Acropole avait soixante marches. Il les descendit comme s'il eût roulé dans un torrent, du haut d'une montagne; trois fois on l'aperçut qui bondissait, puis en bas, il retomba sur les deux talons.

Ses épaules saignaient, sa poitrine haletait à larges secousses; et il faisait pour rompre ses liens de tels efforts que ses bras croisés sur ses reins nus se gonflaient comme des tronçons de serpent.

De l'endroit où il se trouvait, plusieurs rues partaient devant lui. Dans chacune d'elles un triple rang de chaînes en bronze, fixées au nombril des Dieux Patæques, s'étendait d'un bout à l'autre parallèlement; la foule était tassée contre les maisons, et, au milieu, des serviteurs des anciens se promenaient en brandissant des lanières.

Un d'eux le poussa en avant, d'un grand coup; Mâtho se mit à marcher.

Ils allongeaient leurs bras par-dessus les chaînes, en criant qu'on lui avait laissé le chemin trop large; et il allait, palpé, piqué, déchiqueté par tous ces doigts; lorsqu'il était au bout d'une rue, une autre apparaissait; plusieurs fois il se jeta de côté pour les mordre; on s'écartait bien vite, les chaînes le retenaient, et la foule éclatait de rire.

Un enfant lui déchira l'oreille; une jeune fille, dissimulant sous sa manche la pointe d'un fuseau, lui fendit la joue; on lui enlevait des poignées de cheveux, des lambeaux de chair; d'autres, avec des bâtons où tenaient des éponges imbibées d'immondices, lui tamponnaient le visage. Du côté droit de sa gorge, un flot de sang jaillit; aussitôt le délire commença. Ce dernier des Barbares leur représentait tous les Barbares, toute l'armée; ils se vengeaient sur lui de leurs désastres, de leurs terreurs, de leurs opprobres. La rage du peuple se développait en s'assouvissant; les chaînes trop tendues se courbaient, allaient se rompre; ils ne sentaient pas les coups des esclaves frappant sur eux pour les refouler; d'autres se cramponnaient aux saillies des maisons; toutes les ouvertures dans les murailles étaient bouchées par des têtes; et le mal qu'ils ne pouvaient lui faire, ils le hurlaient.

C'étaient des injures atroces, immondes, avec des encouragements ironiques et des imprécations; et comme ils n'avaient pas assez de sa douleur présente, ils lui en annonçaient d'autres plus terribles encore pour l'éternité.

Ce vaste aboiement emplissait Carthage, avec une continuité stupide. Souvent une seule syllabe – une intonation rauque, profonde, frénétique – était répétée durant quelques minutes par le peuple entier. De la base au sommet les murs en vibraient, et les deux parois de la rue semblaient à Mâtho venir contre lui et l'enlever du sol, comme deux bras immenses qui l'étouffaient dans l'air.

Cependant il se souvenait d'avoir, autrefois, éprouvé quelque chose de pareil. C'était la même foule sur les terrasses, les mêmes regards, la même colère; mais alors il marchait libre, tous s'écartaient, un dieu le recouvrait; – et ce souvenir, peu à peu se précisant, lui apportait une tristesse écrasante. Des ombres passaient devant ses yeux; la ville tourbillonnait dans sa tête, son sang ruisselait par une blessure de sa hanche, il se sentait mourir; ses jarrets plièrent, et il s'affaissa tout doucement, sur les dalles.

Quelqu'un alla prendre, au péristyle du temple de Melkarth, la barre d'un trépied rougie par des charbons, et, la glissant sous la première chaîne, il l'appuya contre sa plaie. On vit la chair fumer; les huées du peuple étouffèrent sa voix; il était debout.

Six pas plus loin, et une troisième, une quatrième fois encore il tomba; toujours un supplice nouveau le relevait. On lui envoyait avec des tubes des gouttelettes d'huile bouillante; on sema sous ses pas des tessons de verre; il continuait à marcher. Au coin de la rue de Sateb, il s'accota sous l'auvent d'une boutique, le dos contre la muraille, et n'avança plus.

Les esclaves du Conseil le frappèrent avec leurs fouets en cuir d'hippopotame, si furieusement et pendant si longtemps que les franges de leur tunique étaient trempées de sueur. Mâtho paraissait insensible; tout à coup, il prit son élan, et il se mit à courir au hasard, en faisant avec ses lèvres le bruit des gens qui grelottent par un grand froid. Il enfila la rue de Boudès, la rue de Sœpo, traversa le Marché aux herbes et arriva sur la place de Khamon.

Il appartenait aux prêtres maintenant; les esclaves venaient d'écarter la foule; il y avait plus d'espace. Mâtho regarda autour de lui, et ses yeux rencontrèrent Salammbô.

Dès le premier pas qu'il avait fait, elle s'était levée; puis involontairement, à mesure qu'il se rapprochait, elle s'était avancée peu à peu jusqu'au bord de la terrasse; et bientôt, toutes les choses extérieures s'effaçant, elle n'avait aperçu que Mâtho. Un silence s'était fait dans son âme, – un de ces abîmes où le monde entier disparaît sous la pression d'une pensée unique, d'un souvenir, d'un regard. Cet homme qui marchait vers elle l'attirait.

Il n'avait plus, sauf les yeux, d'apparence humaine; c'était une longue forme complètement rouge; ses liens rompus pendaient le long de ses cuisses, mais on ne les distinguait pas des tendons de ses poignets tout dénudés; sa bouche restait grande ouverte; de ses orbites sortaient deux flammes qui avaient l'air de monter jusqu'à ses cheveux; – et le misérable marchait toujours!

Il arriva juste au pied de la terrasse. Salammbô était penchée sur la balustrade; ces effroyables prunelles la contemplaient, et la conscience lui surgit de tout ce qu'il avait souffert pour elle. Bien qu'il agonisât, elle le revoyait dans sa tente, à genoux, lui entourant la taille de ses bras, balbutiant des paroles douces; elle avait soif de les sentir encore, de les entendre; elle allait crier. Il s'abattit à la renverse et ne bougea plus.

Salammbô, presque évanouie, fut reportée sur son trône par les prêtres s'empressant autour d'elle. Ils la félicitaient; c'était son œuvre. Tous battaient des mains et trépignaient, en hurlant son nom.

Un homme s'élança sur le cadavre. Bien qu'il fût sans barbe, il avait à l'épaule le manteau des prêtres de Moloch, et à la ceinture l'espèce de couteau leur servant à dépecer les viandes sacrées et que terminait, au bout du manche, une spatule d'or. D'un seul coup il fendit la poitrine de Mâtho, puis en arracha le cœur, le posa sur la cuillère; et Schahabarim, levant son bras, l'offrit au soleil.

Le soleil s'abaissait derrière les flots; ses rayons arrivaient comme de longues flèches sur le cœur tout rouge. L'astre s'enfonçait dans la mer à mesure que les battements diminuaient; à la dernière palpitation, il disparut.

Alors, depuis le golfe jusqu'à la lagune et de l'isthme jusqu'au phare, dans toutes les rues, sur toutes les maisons et sur tous les temples, ce fut un seul cri; quelquefois il s'arrêtait, puis recommençait; les édifices en tremblaient; Carthage était comme convulsée dans le spasme d'une joie titanique et d'un espoir sans bornes.

Narr'Havas, enivré d'orgueil, passa son bras gauche sous la taille de Salammbô, en signe de possession; et, de la droite, prenant une patère d'or, il but au génie de Carthage.

Salammbô se leva comme son époux, avec une coupe à la main, afin de boire aussi. Elle retomba, la tête en arrière, par-dessus le dossier du trône, blême, raidie, les lèvres ouvertes, – et ses cheveux dénoués pendaient jusqu'à terre.

Ainsi mourut la fille d'Hamilcar pour avoir touché au manteau de Tanit.

FIN

GLOSSAIRE ALPHABÉTIQUE
DES MOTS PEU CONNUS
CITÉS DANS L'OUVRAGE

A

Ægates (îles). – Ilots situés à la pointe occidentale de la Sicile, en face de la ville de Drepanum. C'est là que le consul Lutatius battit la flotte carthaginoise et conclut le traité qui mit fin à la première guerre punique, l'an 512 de Rome (241 av. J. – C).

Alètès. – Héros espagnol, inventeur des mines d'argent. Il y avait, auprès de Carthagène, un tumulus portant son nom.

Algumin. – (Algumin ou Almugin) corail (?) ou bois précieux de teinture rouge, venant d'Ophir.

Anaïtis. – Déesse lunaire, infernale et guerrière que les Assyriens adoraient sous ce nom comme l'épouse d'Anou (le Ciel).

Annaba. – Actuellement Bône, en Algérie.

Apaka ou Aphaka. – Dans le Liban; c'est là qu'Adonis a été tué par le sanglier et qu'il est pleuré par la déesse.

Astarté. – Nom phénicien Astoreth, modernisé.

Astoreth. – Nom phénicien de la déesse Tanit. Nous en avons fait Astarté dans la prononciation moderne.

Atarantes. – Peuple nomade de l'ancienne Afrique, voisin des Garamantes, dans la Libye intérieure.

Athara. – Probablement une corruption de Athor, la déesse égyptienne en qui les Grecs ont cru reconnaître leur Vénus Aphrodite, et qui semble une forme secondaire et ténébreuse de la grande Isis.

B

Baalet. – Signifie: Maîtresse.

Baccaris. – Plante dont on se servait dans les enchantements.

Bdellium. – Gomme-résine.

Beka. – Monnaie israélite qui équivalait à 1/2 sicle, c'est-à-dire à 7gr,08c.

Bématistes. – Arpenteurs géomètres.

Bésoars. – (Bézoard, vieille forme française du mot persan Padzehr), pierres passant pour antidotes.

Byssus. – Tissu très précieux qu'on faisait avec des touffes de filaments sortant de certaines coquilles bivalves.

C

Cab. – Mesure pour les matières sèches (Bible).

Calcédoines. – Variété d'agates.

CallaÏs. – Pierre précieuse, d'une couleur vert de mer, tirée du Caucase.

Canthare. – Vase à boire en poterie, d'origine grecque, muni ordinairement de deux anses.

Cassitérides. – Nom donné par les anciens aux îles Sorlingues (en anglais, Scylly), groupe d'îlots et de rochers situé à l'extrémité occidentale du comté de Cornouailles.

Chabar. – La planète Venus.

Clinabares. – Files de soldats ou cavaliers couverts d'un tissu de mailles d'acier si déliées et si flexibles que toute l'enveloppe de métal adhérait exactement au corps, sans gêner les mouvements.

Couffes. – Sorte de corbeilles ou cabas d'emballage.

D

Derceto. – Déesse femelle de Dagon, l'une des nombreuses divinités des Philistins qui la représentaient aussi avec une tête humaine et un corps de poisson.

Dilochie. – Division militaire qui comprenait 32 hommes en 2 files et en 16 rangs.

Drepanum. – Ancienne ville de la Sicile, sur la côte occidentale, où les Romains furent défaits par les Carthaginois.

E

Electrum. – Alliage de trois parties d'or et d'une d'argent, dont on fabriquait les coupes propres à déceler le poison.

Elissa. – Nom phénicien de Didon.

Eloul. – Mois de septembre.

Ersiphonie. – En hébreu (terre du Nord) relativement à la Sicile, à l'Afrique, à la Ligurie, etc.

Eryx. – Ville de la Sicile ancienne, près de la montagne du même nom. – Quartier général d'Hamilcar Barca, pendant les quatre dernières années de la première guerre punique.

Eschmoun. – Le huitième dieu planétaire, que les Grecs ont confondu avec Esculape; était très honoré en Phénicie et à Carthage, si l'on en juge par la quantité de noms propres dans la formation desquels il entre.

Eziongaber. – (Ezien-Guéber, l'épine dorsale du géant), cap sur la mer Rouge.

F

Filipendule. – Plante de la famille des rosacées, dont la racine et les feuilles ont une vertu curative.

G

Gadès. – Ancienne ville de la Bétique (partie méridionale de l'ancienne Espagne), actuellement Cadix.

Gagates. – Nom donné par les anciens à une pierre noire que l'on croit être le jais.

Galbanum. – Gomme-résine très anciennement connue et employée comme aromate.

Garamantes. – Ancien peuple d'Afrique, dans la Libye intérieure.

 

Garum. – Espèce de saumure qui se préparait avec des intestins et des débris de poissons.

H

Hadrumète. – Ancienne ville d'Afrique, au S. – E. de Carthage; actuellement Souse, en Tunisie.

Harousch-noir. – Chaîne de montagnes de l'Afrique septentrionale.

Hécatompyle (Aux cent portes). – Ancienne ville de l'Asie, dans l'Hyrcanie.

Hoplites. – Fantassins de l'armée grecque, pesamment armés.

K

Kabyres (forts). – Dieux planétaires phéniciens, au nombre de sept, auxquels plus tard on ajouta un huitième, Eschmoun.

Khamon (Baal-Khamon). – Dieu mâle de Tanit. La force bienfaisante du Soleil.

Kesitah. – Sorte de monnaie valant 4 sicles (Bible et Talmud).

Kicar. – Monnaie israélite qui avait la valeur de 3,000 sicles, c'est-à-dire de 42 kilogrammes 480 grammes.

L

Lamat. – Sorte d'antilope dont la peau, après une préparation, pouvait résister au fer.

Lausonia. – Vulgairement le henneh oriental, arbrisseau dont le suc sert à teindre en rose vif.

Lottes. – Poisson de la famille des Gadoïdes, comme le merlan, la morue, etc.

Lupins. – Végétal à feuille en éventail et à graine nutritive; employé comme fourrage.

Lutatius. – Consul romain vainqueur des Carthaginois à la bataille des îles Ægates.

M

Mamertins. – Habitants de Mamertium, ville de l'Italie ancienne, dans le Brutium, en face de Messine. Assiégés par les Carthaginois, ils appelèrent les Romains à leur secours, et furent ainsi la cause occasionnelle de la première guerre punique.

Marazana. – Ville de la Byzacène, province carthaginoise.

Maschala. – (Mascula, Maxula, Maxala), ville de Numidie.

Masisabal. – (Myth. phénicienne). Enchanteur que Melkarth cloua à un arbre et décapita.

Médimne. – Mesure grecque pour les matières sèches; environ 50 litres.

Melkarth. – L'Hercule phénicien.

Mogbeds. – Mot persan moderne. Mages, adorateurs du feu.

Molobathre ou Malabathre. – Laurier des Indes dont on extrayait un parfum (cannellier).

Moloch. – Dieu phénicien qui semble symboliser la force brûlante, dévoratrice, du Soleil.

Mylitta. – Déesse babylonienne.

Myrobalan. – Fruit aromatique.

N

Narr'Havas. – Feu du souffle, du nom numide Nar-el-haonah.

Nyssam. – Mois d'avril chez les Phéniciens.

O

Origan. – Plante herbacée, aromatique, et possédant des propriétés stimulantes.

Orynges. – Probablement Oningis ou Oringis, ancienne ville de la Bétique.

P

Patæques. – Dieux embryonnaires confondus à une certaine époque avec les Kabyres.

Phalariques. – Dards entourés de matières incendiaires.

Phazzana. – Ancien nom d'une contrée de la Libye intérieure, au nord des Garamantes.

Pilum. – Arme de jet romaine, d'environ 7 pieds de long.

R

Rabbetna. – Signifie: Notre Dame, Notre Maîtresse.

Rusicada. – Ancienne ville de Numidie.

S

Sarisses. – Sorte de piques dont s'armaient les hoplites.

Schabar. – Probablement Schebat, mois de février.

Scombres. – Genre de poissons de mer qui comprend le maquereau.

Seseli. – Plante aromatique.

Sicle. – Unité de poids israélite qui pesait 14gr,16c.

Silphium. – Plante à laquelle on attribuait une certaine propriété médicale et dont on extrayait une gomme estimée précieuse. On la récoltait en Libye, près de Cyrène.

Styrax. – Substance résineuse et balsamique.

Syntagme. – Subdivision de la phalange grecque, comprenant un carré de 16 hommes de côté.

Syrtes. – Ancien nom des deux golfes formés par la méditerranée sur la côte septentrionale de l'Afrique, entre l'Égypte et le cap Hermæum (aujourd'hui golfe de Sidre et golfe de Gabès).

T

Tammouz. – Mois de juillet.

Tamrapani. – Probablement Tampraparni, surnom aryen de Taprobane (l'île de Ceylan).

Taormine. – Ancienne ville de la Sicile.

Tanit. – La lune, la déesse de Carthage.

Tartessus. – Ile d'Hispanie (l'ancienne Espagne), sur la côte de la Bétique.

Thymiamata. – Probablement Thymiatéria, ville sur la côte occidentale de la Mauritanie, – identifiée avec Mamora de nos jours.

Tilby. – Mois de janvier.

Tiratha. – A le sens du sexe, symbole de la déesse.

Tuburgo. – Probablement Tuburbo, ville d'Afrique.

Z

Zeret. – Mesure de longueur hébraïque; probablement demi-coudée.