Free

La fabrique de mariages, Vol. I

Text
iOSAndroidWindows Phone
Where should the link to the app be sent?
Do not close this window until you have entered the code on your mobile device
RetryLink sent

At the request of the copyright holder, this book is not available to be downloaded as a file.

However, you can read it in our mobile apps (even offline) and online on the LitRes website

Mark as finished
Font:Smaller АаLarger Aa

– Écoutez! fit Lagard.

On entendit le bruit d'une voiture qui s'engageait dans la ruelle du côté du boulevard extérieur. Les grosses joues de Barbedor perdirent un peu de leur enluminure.

En ce moment, un des garçons sortit de la maison et vint lui parler à l'oreille.

Il pâlit tout à fait.

Le garçon disait:

– Elle est en haut, toute seule… On lui a donné son eau-de-vie.

– Bien, bien!.. fit Barbedor avec impatience.

– Elle est entrée par la porte de derrière, reprit le garçon, – et ça m'a fait peur, parce que je ne savais pas qu'elle avait une clef.

– Ah! dit Lagard, qui s'était mis à buvotter son absinthe, – elle a une clef, maintenant?

Le bonhomme n'osait plus le regarder.

– Faut-il la faire attendre? demanda le garçon.

– Qu'elle aille à tous les diables, si elle veut! s'écria Barbedor, qui se leva et donna un grand coup de pied à son tabouret.

La voiture avait, pendant cela, tourné l'angle de la ruelle. Elle s'arrêta devant la petite avenue qui conduisait au château de la Savate. La portière s'ouvrit.

– Bonjour, vieux! dit Clérambault, qui mit pied à terre; – à qui en avons-nous donc?

Il aperçut Jean Lagard et fit un haut-le-corps. Jean restait assis, les jambes croisées l'une sur l'autre et jetant au vent la fumée de son cigare.

– Nous vous attendions, dit-il par-dessus l'épaule; – je parlais de vous à mon oncle. Je lui disais: Je ne retournerai pas au chantier. Avec l'argent que M. de Clérambault se fera un plaisir de me donner, je m'associerai avec vous.

– Monsieur Lagard! répliqua l'habit bleu, qui s'avança vers lui résolûment, si nous avons déjà plaisanté une fois aujourd'hui… je trouve que c'est assez.. Avec vos allures d'étourneau, vous êtes un industriel fort habile… On vous a pris une femme; vous vous la faites payer en détail et très-cher… Ce métier a un nom dans notre langage sans façon, vous savez bien, monsieur Lagard!

– N'insultez pas mon neveu! s'écria Barbedor, qui ferma les poings.

– La paix, papa! je suis bien en état de me défendre moi-même, dit Jean.

Il se leva à son tour et déposa son cigare sur la table. Il vint se mettre en face de l'habit bleu. C'étaient deux forts gaillards, mais Jean avait évidemment l'avantage.

– Vous avez raison, monsieur de Clérambault, dit-il en lui mettant la main sur l'épaule… entre gens comme il faut, l'argent que j'ai reçu m'ôterait le droit de vous traiter selon vos mérites… mais je suis un pauvre diable et vous un misérable… A dater de ce soir, je ne vous demanderai plus rien… et, la prochaine fois que je serai en train, je vous assommerai!

– Voilà! ajouta Barbedor; – et prenez votre associée sous le bras, l'homme… elle est en haut qui vous attend… et disparaissez tous deux: je vous fais cadeau de ce que vous m'avez volé.

FIN DU PREMIER VOLUME