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Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome I

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«Et les vaisseaux de Hiram qui apportèrent de l'or d'Ophir, en apportèrent aussi des bois appelés almoguim (que l'on croit le sandal) et des pierres précieuses. (v. 11.)

«Et Salomon tira beaucoup d'or des rois d'Arabie. (v. 15.)

«Et les vaisseaux de Tarsis (appartenant) au roi, allèrent avec ceux de Hiram, chaque troisième année; et ces vaisseaux de Tarsis apportèrent de l'or, de l'argent, des dents d'éléphant, des singes et des paons. (v. 22.)

«Josaphat fit construire des vaisseaux de Tarsis, pour aller à Ophir; mais ils périrent dans le port même d'Atsiom-Gaber. (c. 22, v. 49.)»

Pesons bien les circonstances et même les mots de ce récit: «1° Des vaisseaux partent d'Atsiom-Gaber; ils vont à Ophir; ils en apportent beaucoup d'or; et Salomon tira beaucoup d'or des rois d'Arabie.»

Ici Ophir ne figure-t-il pas en synonyme avec Arabie?

«2° Et la reine de Sheba ayant entendu parler de Salomon, le vint voir.»

Cette princesse ne sera pas venue sur un ouï-dire; elle aura questionné les gens mêmes de Salomon; elle les aura fait venir; elle ne l'aura pu qu'autant qu'ils auront relâché dans un de ses ports. Les ports du Téhama ne lui appartenaient point, ils étaient aux Kushites. Le port le plus voisin de sa résidence, qui devait le mieux lui appartenir, était celui que les Grecs appelèrent par la suite Arabia felix, aujourd'hui Hargiah, à l'embouchure de la rivière de Sanaa. Ce port, disent les Grecs, fut l'entrepôt où les marchandises de la mer Rouge et celles du golfe Persique et de l'Inde se rencontraient, avant qu'une navigation directe se fût établie de l'Égypte dans l'Inde.

Selon les monuments arabes, la reine de Saba, nommée Balqis, vivait à Mareb, c'est-à-dire, dans la capitale du pays de Saba. Le Hadramaut était dans sa dépendance; il est la contrée des aromates. Les singes qu'elle y joignit, sont nommés en hébreu qouphim, dont l'analogue subsiste au Malabar, dans le mot kapi, venu du sanscrit kabhi: les paons, appelés en hébreu toukim, s'appellent encore au Malabar tougui185. Voilà des produits indiens: les dents d'éléphant en sont un aussi; mais l'Abissinie et l'Afrique ont pu en produire également. Si les bois almoguim, dont Salomon fit des instruments de musique, sont, comme on le croit, le bois de sandal (si rare, dit le texte, que depuis cette époque on n'en vit plus), ils sont une nouvelle preuve d'un commerce indien. Selon nous, les Tyriens qui furent les pilotes de Salomon, et à qui appartenait spécialement ce commerce, ne se bornaient point au port d'Arabia felix; ils prolongeaient la côte arabe jusqu'au pays actuel de Maskat: là, nous trouvons, près du cap Ras-el-hal, une ancienne ville écrite Sour, avec les mêmes lettres que Tyr: toute cette contrée, jusqu'au détroit Persique, nous est dépeinte par Niebuhr comme un pays abondant en toute denrée, et méritant le nom de heureux et riche; là étaient les villes ou pays de Sheba, Ramah et Daden, dont Ezéqiel nous dit «que les habitants étaient les associés ou courtiers des Tyriens, à qui ils fournissaient les dents d'éléphant, les aromates et l'or (chap 27).» Sur cette côte existe encore une ville de Daba, dont le nom signifie or; et il est prouvé par une foule de passages des anciens, qu'a recueillis Bochart, en sa Géographie sacrée (liv. II, chap. 17), que cette contrée fut jadis aussi riche en or que le sont de nos jours le Pérou et le Mexique.

Eupolême186, qui fut instruit dans l'histoire des Juifs, dit que David envoya des vaisseaux exploiter les mines d'or d'une île appelée Ourphê, située dans la mer Erythrée, qui est le nom de l'Océan arabique jusque dans le golfe Persique.

Ici Ourphê semble n'être qu'une altération d'Ophir, altération d'autant plus croyable que le même texte fait partir les vaisseaux du port d'Achana, au lieu d'Aïlana: mais Eupolême n'a-t-il pas eu en vue une île célèbre de ces parages, appelée par Strabon Tyrina (l'île tyrienne), «où l'on montrait, sous des palmiers sauvages, le tombeau du roi Erythras (c'est-à-dire, du roi Rouge), qui, disait-on, avait donné son nom à l'Océan arabique, parce qu'il s'y noya?» Nous avons ici un conte phénicien, dont le vrai sens est que le soleil brûlant et rouge, qui chaque soir se noyait dans la mer, reçut un culte des navigateurs qui la traversaient, et qui, en action de grâces d'un voyage heureux, lui élevèrent un monument de la même espèce que celui d'Osiris, roi, soleil, comme Erythras. En désignant ce tombeau comme un tumulus pyramidal considérable, Strabon nous fait soupçonner un autre motif utile, celui d'avoir élevé sur cette côte plate un point dominant propre à diriger les marins.

Si nous pénétrons dans le golfe Persique, nous trouvons, sur la côte arabe, une rivière appelée Falg, dont le cours nous conduit à une ancienne ville ruinée qui porte le nom de Ophor187, lequel, vu l'insignifiance de la seconde voyelle, représente matériellement le nom que nous cherchons, et qui le montre en un lieu convenable: il est vrai que ce local n'est point une île, comme le dit Eupolême; mais il faut observer que dans tous les dialectes de l'arabe, y compris l'hébreu, un même mot signifie île et presqu'île. Or, la pointe d'Oman, où nous trouvons Ophir, est une véritable presqu'île, surtout à raison des rivières qui coupent sa base. Quant au site propre de la ville actuelle, il a dû changer, en ce que les attérissements considérables de cette côte ont éloigné la mer, et par cela même ont fait perdre au port et à la ville d'Ophir son activité et sa renommée.

A l'embouchure de la rivière qui avoisine les restes d'Ophir, commence le grand banc des perles, foyer très-ancien d'un riche commerce; à l'extrémité de ce banc se trouvent encore deux îles qui jadis portèrent le nom de Tyr et Arad, et qui eurent, dit Strabon (lib. 16), des temples phéniciens: leurs habitants se prétendaient la souche de ceux de Tyr et Arad sur la Méditerranée; mais si l'on considère qu'ils n'étaient que de pauvres pêcheurs sur un sol d'ailleurs aride, l'on sentira que la vraie souche de population fut aux bords fertiles de la Phénicie, et que ce récit n'est qu'une inversion qui néanmoins indique encore le commerce et la fréquentation des Tyriens, dont nous venons de rassembler un assez grand nombre de preuves.

On objecte que le circuit de l'Arabie est trop considérable pour la science nautique de cet ancien peuple; nous répondons que le vrai degré de cette science n'est pas très-bien connu, ne l'a peut-être pas même été par les Grecs, venus à une époque tardive: en outre, l'analyse semble prouver que ce circuit n'excéda réellement pas les moyens des anciens. Leurs géographes s'accordent à nous dire qu'une journée moyenne de navigation équivalait à 14 ou à 15 de nos lieues marines, c'est-à-dire ¾ de degré188. La longueur de la mer Rouge est d'environ 320 lieues: supposons 400 à raison des caps et des baies, que les anciens tournaient; la distance du détroit de Bab-el-mandel au cap Raz-el-had, passe 360; supposons 430, nous avons 830: ajoutez 120 jusqu'au golfe Persique, plus 50 jusqu'à la rivière Falg; pour ces deux branches, supposons 200: la totalité sera de 1030 lieues; pour compté rond, supposons 1050.

Les vaisseaux ont eu cent cinquante jours, c'est-à-dire, cinq mois de très-bon vent pour franchir cet espace: en effet, à la fin de mai commence la mousson de nord-ouest, qui dure jusqu'à là fin d'octobre. 1050 lieues, divisées par 150 jours ne donnent que 7 lieues à chaque journée: les navigateurs purent donc employer 75 jours, c'est-à-dire la moitié du temps, à des relâches: la mousson de sud-est, qui les eût ramenés, commence en novembre et finit en avril; mais ils ne pouvaient en profiter, parce qu'ils n'auraient pas eu le temps de faire leur négoce: seulement, ils purent employer les vents variables du mois qui la termine, à sortir du golfe Persique, à caboter sur la côte de Maskat; et leur retour au port d'Atsiom-Gaber put être effectué à la mi-janvier de l'année seconde du départ; alors une nouvelle expédition avait le temps de se préparer pour partir à la fin de mai, qui commençait l'année troisième.

 

Dira-t-on que les Tyriens ont exploité le commerce du golfe Persique par un moyen qui a encore lieu aujourd'hui, c'est-à-dire, par les caravanes des Arabes se rendant à travers le désert, soit à l'Euphrate, soit directement au golfe? Il est vrai que plusieurs passages des psaumes de David, des prophètes, et surtout d'Ezéqiel, indiquent que les Tyriens surent tirer ce parti des Bédouins, en tout temps dévoués à celui qui les salarie; mais la voie du désert n'offrait guère moins d'obstacles que celle de la mer, en ce que les Tyriens étaient obligés de traverser les pays, souvent hostiles, des Juifs, des Syriens de Damas, et surtout de prolonger le pays des Babyloniens, dont les rois furent leurs ennemis acharnés. La cause de cette haine, comme de celle des Ninivites leurs prédécesseurs, s'explique même en faveur de notre hypothèse, en disant que, jaloux des richesses que les Phéniciens tiraient du commerce de l'Inde, par le golfe Persique, ils leur coupèrent d'abord la voie du désert; puis, lorsque l'industrie tyrienne eut imaginé la voie de la mer Rouge et le circuit de l'Arabie, ils l'attaquèrent dans son foyer même, pour extirper cette dérivation du commerce indien, et le ramener en son lit ancien et naturel, le cours du Tigre et de l'Euphrate, où il fut la véritable cause de la splendeur successive de Ninive, de Babylone et de Palmyre.

On nous oppose l'opinion de plusieurs écrivains grecs qui «ont nié que personne eût navigué au delà du pays de l'encens avant l'époque d'Alexandre;» ce sont les expressions d'Eratosthènes en Strabon (lib. XVI, pag. 769): mais le témoignage d'Hérodote est d'un plus grand poids, lorsque, sur l'autorité des savants égyptiens et perses qu'il consulta, il raconta, «qu'environ 40 ans avant lui, le roi Darius Hystaspes eut la curiosité de connaître le cours de l'Indus; que pour cet effet il confia des vaisseaux à des hommes sûrs et véridiques, entre autres à Scylax de Kariandre, lesquels vaisseaux, après avoir descendu l'Indus depuis la ville de Kaspatyre, firent route dans l'Océan vers l'ouest, et arrivèrent le trentième mois, au fond du golfe d'Héroopolis d'Égypte189

Comment Eratosthènes et d'autres anciens ont-ils négligé ce fait? Nous répondons, avec de savants critiques: 1º parce que les anciens ont en général dédaigné les prétendus contes d'Hérodote; et nous ajoutons, 2º parce qu'ils ont été imbus d'un préjugé formellement avoué par Arrien: cet auteur, parlant des efforts inutiles d'Alexandre pour faire sortir ses vaisseaux du golfe Persique, nous dit en substance: «On était persuadé à Babylone, que le golfe Persique et le golfe Arabique ayant leurs embouchures dans l'Océan, il devait exister un passage libre par mer, entre Babylone et l'Égypte; mais personne n'était encore parvenu à doubler les caps méridionaux de l'Arabie: cette entreprise passait pour impossible, à cause de l'excessive chaleur qui dans ces latitudes rend la terre inhabitable.» Arrien ajoute: «Si la côte extérieure au golfe Persique eût été navigable, ou si l'on eût soupçonné la possibilité de s'en approcher, je ne doute pas que l'extrême curiosité d'Alexandre ne fût parvenue à faire reconnaître le pays par mer ou par terre190

L'excessive chaleur rendant la terre inhabitable; voilà le préjugé qui a égaré presque tous les anciens, et dont ne fut pas exempt Hérodote lui-même; avec cette différence, honorable à son caractère, qu'il n'eut point la présomption de soumettre les faits à sa théorie, et qu'au contraire, en plusieurs occasions, il a eu la candeur de nous dire: «Voilà ce qu'on m'assure: cela ne me paraît pas croyable; mais peut-être d'autres le croiront.» Nous verrons bientôt que cette bonne foi l'a mieux dirigé que ses censeurs.

Pour revenir à notre question, nous disons que la persuasion où l'on était à Babylone de la possibilité du circuit de l'Arabie, avait pour cause quelques traditions confuses ou dissimulées des anciennes navigations: leur souvenir dût s'obscurcir même chez les Orientaux, parce que les guerres continues depuis Salmanasar jusqu'à Nabukodonosor, après avoir long-temps distrait, finirent par détruire les Tyriens et les Iduméens, agens de ces navigations, et plongèrent dans le trouble et l'ignorance, les générations qui leur succédèrent. A plus forte raison, les Grecs d'Alexandre, venus deux siècles et demi après que Tyr eut été dévastée par Nabukodonosor, puis par Kyrus et ses successeurs, durent-ils ignorer des faits qui, par eux-mêmes, n'étaient pas éclatants; surtout lorsque nous voyons ces mêmes Grecs peu et mal instruits dans toute l'histoire des rois ninivites et babyloniens, de qui ces faits, furent contemporains.

Mais enfin, dira-t-on, ce petit peuple tyrien, séparé de la mer Rouge, par un espace de 90 lieues communes (de 2,500 toises) qu'occupaient quatre ou cinq nations souvent en guerre, comment put-il entretenir les communications nécessaires à son commerce, et surtout comment put-il former et alimenter le matériel d'une marine soumise à beaucoup de casualités, c'est-à-dire, se procurer les métaux, les chanvres, les bois de construction, etc., quand il est avéré que les bords de la Méditerranée sont tellement dénués de ces objets, que, selon Strabon, Diodore et Pline, «les indigènes n'y exerçaient la navigation qu'au moyen de grands paniers tissus de joncs ou de feuilles de palmiers, recouverts de peaux ou cuirs cousus et goudronnés?»

Sans doute ce sont là des difficultés, mais un examen attentif des faits sait les résoudre.

D'abord, quant aux communications, ce qui se passa entre Hiram et Salomon nous montre ce qui dut se passer avant et après ces princes; il est sensible que les Tyriens durent avoir tantôt avec les Philistins, tantôt avec les rois de l'Idumée, des traités semblables à ceux qu'ils eurent avec David et Salomon, maîtres accidentels de cette contrée.

Quant au passage matériel des choses, il put se faire entièrement par terre, dans les cas d'alliance avec les Juifs et les Philistins; mais en d'autres cas, il dut se faire par des moyens plus convenables à l'esprit d'économie d'un peuple marchand.

Ce peuple de Tyr étant, comme l'on sait, maître de la mer de Syrie, il dut user de cet avantage pour se procurer un entrepôt rapproché, autant que possible, de la mer Rouge. Parmi plusieurs, là côte de Gaza lui en offrit un éminemment commode dans le lieu appelé El-arish qui, situé sur une plage désert, loin des regards jaloux de tout gouvernement, avait le double mérite de la sûreté et du secret; joignez-y un torrent d'eau douce (dit le torrent d'Égypte), à la vérité temporaire, et quelques sources saumâtres ombragées de palmiers. Ce havre, encore praticable, dut jadis être meilleur, quand les atterrissements continus de cette plage ne l'avaient pas ensablé; sa distance au port d'Atsiom-Gaber est d'environ 45 lieues communes, c'est-à-dire de 5 à 6 journées de caravane. Le désert intermédiaire, très-aride, ne peut se traverser qu'avec l'agrément des Arabes qui le parcourent; il fut facile à un peuple riche, de mettre à sa solde des Bédouins toujours affamés; leurs chameaux transportèrent tout ce que les Tyriens voulurent débarquer. Des discussions accidentelles avec les Iduméens, maîtres naturels d'Atsiom-Gaber, durent s'élever pour motifs d'intérêt et de péage; elles durent susciter l'idée de chercher ailleurs un établissement plus indépendant; la plage, au couchant du mont Sinaï, en offrait de tels; les Phéniciens en profitèrent, de l'aveu exprès des historiens grecs, qui nomment comme leur appartenant, une ville au local d'Elim, et un port qui, chez les Arabes, conserve encore le nom d'El-Tor, mot identique à celui de Sour et Tyr. Ce lieu, favorisé de bonne eau douce et de palmiers dattiers, dut surtout fixer les Tyriens qui protégés par leurs vaisseaux, purent y être à l'abri des caprices des Arabes, leurs hôtes.

Mais ces vaisseaux, comment se trouvent-ils construits là? Nous répondons que les Tyriens firent alors ce qui se fait encore aujourd'hui, ce que l'histoire nous apprend s'être fait de tout temps ils firent fabriquer sur la Méditerranée tous les agrès et les carcasses même des vaisseaux, et ils les transportèrent à dos de chameau d'un rivage à l'autre; c'est ainsi que les Turks ont entretenu leur marine à Suez191, depuis Sélim; que Soliman, en 1538, y fit passer une flotte entière de 76 bâtiments, fabriqués à Constantinople et sur la côte de Cilicie. C'est ainsi qu'Ælius Gallus, sous le règne d'Auguste, fit passer une autre flotte de 80 galères, à 2 et 3 rangs de rames, etc.

Mais de quelle espèce étaient ces vaisseaux tyriens? Nous l'apprenons clairement d'Ezéqiel, en son intéressant chapitre XXVII, lorsqu'il dit: «O Tyr! tes enfants (ou tes constructeurs) emploient les sapins de Sanir à faire les planches (pour les bordages ou les ponts) de tes vaisseaux; ils emploient les cèdres du Liban à faire tes mâts; les aunes de Bazan à faire tes rames; les buis de Ketim, incrustés d'ivoire, à faire les bancs de tes rameurs; les fines toiles d'Égypte bariolées, à faire tes voiles; l'hyacinthe et la pourpre des îles de Hellas, à teindre les tentes qui ombragent (tes nautoniers): tu dis: Je suis d'une beauté parfaite.»

Nous voyons, dans ce texte, que les vaisseaux de Tyr étaient à voiles et à rames, c'est-à-dire, du genre des galères dont l'usage est immémorial sur la Méditerranée; par conséquent cette voile fut triangulaire, celle que l'on appelle voile latine, qui a le mérite précieux de serrer le vent au plus près.

Le texte ne spécifie pas que les vaisseaux fussent pontés; mais cet attribut des galères nécessité par la grosse mer, est une suite indispensable.

Maintenant d'où vient, dans le texte du livre des Rois, l'expression de vaisseaux de Tarsis, construits par Salomon et par Josaphat? Les commentateurs en ont cherché l'explication au bout du monde: elle nous semble placée sous la main, et offerte par un état de choses encore présent à nos yeux.

En effet, nous voyons qu'en matière de constructions, chaque peuple et ci-devant chaque ville maritime, par certaines raisons de calcul ou de routine, ont donné et donnent encore à leurs vaisseaux des formes particulières, d'où leur sont venus des noms distincts. Ainsi l'on distingue les vaisseaux de Hollande, par leurs hanches plus larges; par leurs quilles plus aplaties; les vaisseaux d'Angleterre, par leurs flancs plus effilés, par leurs quilles plus tranchantes; les vaisseaux de Venise et de Gênes (quand ces villes furent républiques), par d'autres caractères particuliers; en sorte que de très-loin en mer, un œil expert sait de quel pays et même de quel chantier est un vaisseau. Hé bien, chez les anciens cet état de choses dut avoir lieu, et alors les différences durent être d'autant plus marquées, que les peuples, dans un état habituellement hostile, avaient moins de rapports. Les vaisseaux de Carthage, ceux de Syracuse, d'Athènes, de Milet, durent avoir des caractères distincts; or, parmi les anciennes villes qui eurent une marine, et par conséquent des chantiers de construction, il s'en présente une célèbre qui eut tous les moyens de construire des vaisseaux désignés par son nom. Cette ville appelée Tarsus par les Grecs, la même que notre Tarsis des Hébreux, était située sur la côte de Cilicie, la plus riche de la Méditerranée en bois de marine, et le foyer perpétuel d'une navigation active, portée jusqu'à la piraterie.

 

«Tarsus, nous dit le savant Strabon (liv. XIV, p. 673), doit son origine aux Argiens qui, sous la conduite de Triptolême, cherchaient Io» (c'est-à-dire que cette origine se perd dans les temps fabuleux). Solin, compilateur d'auteurs anciens, l'attribue à Persée (ch. XXXVIII; autre signe d'antiquité): il ajoute qu'on l'appelait la mère des villes; «que ces peuples (les Ciliciens) avaient jadis commandé depuis la Lydie jusqu'à l'Égypte; qu'ils furent dépossédés par les Assyriens, etc.» Ceci cadre bien avec le discours de Sennachérib, disant à Ezéqiah «que ses pères ont récemment conquis la ville de Adana (près de Tarsus); et avec l'anecdote de Jonas qui, sous le règne de Jéroboam II, environ 65 ans avant Sennachérib, s'enfuit à Tarsus, pour éviter de se rendre à Ninive: n'a-t-on pas droit de conclure qu'alors Tarsus etait indépendante de Ninive? L'épitaphe de Sardanapale, qui suppose que ce prince bâtit en un jour Tarsus et Anchiale, indique seulement qu'il répara, et qu'alors ces deux villes dépendaient des Assyriens. Le dixième chapitre de la Genèse, en nommant Tarsis comme enfant, c'est-à-dire colonie de Ion, dépose dans le même sens que les Grecs en faveur de son antiquité. Quant à son industrie, Strabon continue: «La rivière Kydnus traverse Tarsus, et forme au-dessous d'elle un marais navigable, qui jadis fut un port spacieux, ayant son embouchure dans la mer par un col étroit appelé Regma, c'est-à-dire rupture. Cette ville est populeuse et a le rang de métropole; ses citoyens ont une telle passion pour les sciences physiques et mathématiques, qu'ils ont surpassé en ce genre les écoles d'Athènes, d'Alexandrie et de toute autre ville savante qu'on pourrait nommer: il y a ceci de notable, qu'à Tarsus ce sont les indigènes qui sont les savants et les studieux; il y vient peu d'étrangers. Ces indigènes, au lieu de rester dans leurs foyers, se livrent aux voyages pour acquérir ou perfectionner leurs connaissances; et ces voyageurs s'expatrient volontiers pour s'établir ailleurs; il n'en revient qu'un petit nombre: c'est le contraire des autres villes, si j'en excepte Alexandrie, etc.»

Avec un tel caractère moral, et avec l'avantage des forêts de son voisinage et des métaux dont l'Asie mineure fut toujours riche, l'on a droit de croire que Tarsis eut très-anciennement des chantiers actifs; que par cette activité, ses constructeurs ayant acquis la science qui naît de la pratique, ils imaginèrent des formes de vaisseaux mieux calculées que celles de leurs voisins, et qui reçurent la dénomination de vaisseaux de Tarsis. Salomon, qui nous est dépeint comme un prince curieux en tout genre d'arts et de sciences, voulant avoir des vaisseaux sur la mer Rouge, et se trouvant obligé de les y construire de toutes pièces, sans être dirigé par aucune routine antérieure de son pays et de sa nation, Salomon a dû désirer de les construire sur le modèle le plus renommé, le plus parfait: il aura choisi celui de Tarsus; et parce qu'il fallut que ces vaisseaux fussent transportés de toutes pièces par terre, pour être refaits à Atsiom-Gaber, pays sauvage et dénué d'ouvriers, ce prince habile les aura fait fabriquer ou acheter tout faits au chantier de Tarsus, opération, en pareil cas, toujours la plus économique et la plus sûre. Il est même probable que les Tyriens, dont le pays fertile, mais très-petit, n'avait que des arbres fruitiers, prirent de bonne heure le même parti, et achetèrent des vaisseaux de Tarsis. Tel est le sens le plus naturel, et telle est sûrement l'origine de cette expression, vaisseaux de Tarsis, qui s'adapte très-mal aux autres sens que les commentateurs lui ont donnés.

Selon les uns, Tarsis signifierait la mer, par analogie au mot grec θαλάσση; mais plusieurs passages des écrivains juifs repoussent cette explication: par exemple Jérémie dit: «On apporte de l'argent de Tarsis et de l'or d'Ophaz (c. X, v. 9).» Ophaz n'est ici qu'une altération d'Ophir, causée par la ressemblance de l'r et du z dans l'alphabet chaldaïque: en tout cas, Ophaz comme Ophir, étant une ville, Tarsis qui est mise en comparaison, ne peut qu'en être une autre; il serait ridicule de dire: L'on apporte de l'argent de la mer et de l'or d'Ophaz.

Ezéqiel, en son chapitre XXVII, dit à la ville de Tyr: «Les vaisseaux de Tarsis sont tes voituriers dans tes navigations.»—Que signifierait, les vaisseaux de la mer?

Le sens ne serait pas moins disparate dans les menaces d'Isaïe (chap. XXIII), à l'époque où Salmanasar réduisit Tyr aux abois (vers l'an 727): «Malheur à Tyr! Jetez des cris de deuil, vaisseaux de Tarsis! la maison où ils venaient (le port de Tyr) est (ou sera) renversée192. On les avait taillés (ou transportés) de la terre de Ketim pour eux (Tyriens).—Habitants des îles, faites silence: ce qui a été entendu sur l'Égypte (cris de deuil à l'occasion de la conquête par l'éthiopien Sabako), Tyr l'entendra (sur elle-méme).—Passez à Tarsis, jetez des cris de deuil, habitants des îles! O fille de Tarsis (Tyr)! écoule-toi sur la terre comme un ruisseau (de pluie).»

Dans tout ce passage, si, au lieu de Tarsis, on introduit le mot mer, l'on n'a point de sens raisonnable: «Passez à la mer, habitants des îles, etc.» Au contraire, Tarsis convient partout à la ville de Tarsus; et cette convenance se confirme par son adjonction, 1° au pays de Ketim, qui chez les Hébreux désigne Cypre et la côte de Cilicie; 2° aux îles qui chez eux désignant également Rhodes et l'Archipel.—Notez qu'Isaïe appelle ici Tyr fille de Tarsis (tirant d'elle sa puissance), comme ailleurs il l'appelle fille de Sidon (tirant d'elle sa naissance).

Il dit encore (ch. 2, v. 16): «Dieu manifestera sa grandeur sur tout ce qui est orgueilleux, sur tout ce qui est élevé, sur les vaisseaux de Tarsis, et sur tout ce qui est beau à la vue.» Cette comparaison des vaisseaux de Tarsis à ce qui est beau à la vue, n'indique-t-elle, pas que les vaisseaux de cette ville étaient pour ces temps-là, et surtout pour les Hébreux, montagnards ignorants, un objet d'art étonnant, qui mérita une dénomination spéciale? Cette même comparaison de beauté se trouve dans Ezéqiel, lorsqu'au chapitre 27, après avoir dépeint les vaisseaux de Tarsis, il fait dire à Tyr: «Je suis d'une beauté parfaite

Mais, objectent encore les commentateurs, on lit dans le livre des Paralipomènes193, que les vaisseaux du roi allèrent à Tarsis, et que Josaphat fit construire des vaisseaux à Atsiom-Gaber, pour aller à Tarsis.

Cette difficulté a été insurmontable pour ceux qui ont attribué une infaillibilité sacrée aux livres hébreux; mais tout lecteur qui, libre de préjugé, se rappellera les erreurs chronologiques où nous avons surpris et où nous surprendrons encore l'auteur tardif et négligent des Paralipomènes; tout lecteur qui remarquera qu'en cette occasion, comme dans plusieurs autres, il n'a tiré ses informations que du livre des Rois, qu'il n'en est même ici que le copiste littéral, à l'exception du mot aller194, pensera qu'il a été trompé par l'expression vaisseaux de Tarsis, et que, selon l'erreur de son siècle, ayant cru qu'on les envoyait dans ce pays, il a, de son chef, introduit le mot aller: voilà l'unique base sur laquelle repose l'hypothèse qui veut que les vaisseaux de Salomon, et par suite ceux des Tyriens, aient fait habituellement le tour de l'Afrique, pour arriver à Tartesse, supposée Tarsis; trajet si inconcevable pour tous les anciens, que Hérodote même qui, sur la foi des prêtres égyptiens, en a cité un exemple extraordinaire, paraît en douter, et que tous les anciens l'ont considéré comme une fable195.

L'on sent que nous parlons du voyage de ces Phéniciens qui, sous Nekos, roi d'Égypte, firent voile du fond de la mer Rouge, et qui, ayant navigué pendant deux années, doublèrent à la troisième année les colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar), et revinrent en Égypte (Hérodote, lib. IV). Cette troisième année n'a pas laissé de contribuer à l'erreur, par la fausse ressemblance avec le verset qui dit que les vaisseaux de Salomon allaient chaque troisième année. Récemment on a voulu substituer à cette hypothèse celle du voyageur Bruce, qui a prétendu trouver un pays de Tarshish, en Abissinie; mais quiconque a connu Bruce, ou qui a lu son livre avec attention, sait que les assertions systématiques et présomptueuses de cet écrivain, ne peuvent être reçues sans preuves positives. Terminons cet article par une dernière remarque.

Selon d'anciens monuments arabes recueillis et cités aux neuvième et dixième siècle de notre ère, par les Musulmans, il existait d'autres versions, d'autres traditions que celle de la Genèse sur les origines arabes. Le plus savant de leurs historiens, Maséoudi196, déclare, d'après des auteurs respectés, «que les plus anciens peuples de la péninsule furent quatre tribus appelées Aad, Tamoud, Tasm et Djodaï (ou Djedis).

«Aad habita le Hadramaut.

«Tamoud habita le Hedjaz et le rivage de la mer de Habash (le Téhama).

«Tasm habita les Ahouaz et la Perse méridionale.

«Enfin Djodaï habita le pays de Hou, qui est le Iémama.

«Or, ces Arabes, ajoute-il, soumirent l'Iraq (la Babylonie), et y habitèrent.»

Il y a ici une analogie marquée avec la Genèse: le pays de Hedjaz ou Téhama, l'Iraq et le midi de la Perse, sont les mêmes pays que le livre juif attribue aux peuples noirs venus de Kush, soit immédiatement, soit médiatement par Nimrod; ces premiers Arabes seraient donc les Kushites de la Genèse (les Arabes noirs), et cette conséquence est appuyée par un monument arabe qui, parlant du puits de Moattala, chez les Madianites, comme de l'une des merveilles du monde, remarque que les Madianites descendaient des deux tribus Aad et Temoud (voyez Notice des manuscrits orientaux, tom. II). Or, nous savons par les Hébreux que les Madianites, dont Moïse épousa une femme, étaient des Kushites, des Éthiopiens.

Ces premiers Arabes furent attaqués et finalement expulsés par une autre race se prétendant issue de Sem, et parente des Assyriens et des Chaldéens; sur quoi l'historien Hamza observe qu'il y avait une autre manière de raconter l'histoire de ces tribus, lorsqu'il dit:

«Tel est le récit des Iamanais sur leur origine; mais j'ai lu dans des écrivains qui s'autorisent d'Ebn-Abbas, que les vrais Arabes, au nombre de dix peuples, comptaient leurs années à dater d'Aram, et que ces dix peuples ou familles étaient Aad, Tamoud, Tasm, Djedis, Amaleq, Obil, Amim, Ouabsar, Djasem et Qahtan: ces familles désignées par le nom d'Arman, avaient déja péri en partie, quand les derniers coups furent portés par Ardouan, roi (de la dynastie perse) des Ashganiens.... Jusque-là, ces Arabes comptaient leurs années à dater d'Aram. Enfin elle furent entièrement détruites par Ardeshir, Babeqan (vers les années 130, de notre ère et suivantes).»

185Mémoire de M. Tychsen, De commerciis et navigatione Hebræorum, page 165.
186Eusèbe, Præpar. evang., lib. IX, cap. 30.
187M. Seetzen, dans la Correspondance de M. le baron de Zach, nomme celui-ci Ophir, en toutes lettres, ut énonce la même opinion d'identité. (Note communiquée).
188C'est la valeur des 540 stades allégués par Hérodote, lib. II, § CVI, de l'espèce de ceux dont on comptait 1620 entre Héliopolis et la mer Scylax, qui compte un jour et demi de navigation entre la Corse et l'Italie, nous donne la même mesure, puisqu'il y a 23 lieues.
189Hérodote, lib. IV, § XLIV: ce Scylax est l'auteur même du Périple qui porte son nom, comme l'a démontré Sainte-Croix.
190Arrien, Rerum Indicarum, chap. 43; et De expeditione Alexandri, lib. 7, chap. 20: il est étonnant qu'Arrien, homme d'esprit, n'ait pas vu que la prétendue impossibilité alléguée de sortir du golfe Persique eut la même cause que le découragement qui, sur les bords de l'Indus, s'opposa à ce que le conquérant poussât plus loin les expéditions guerrières dont son armée était excédée.
191Voyez Thévenot, Voyage, liv. II, chap. 24; Niebuhr, Voyage, tome I, page 172: et Volney, Voyage en Syrie, t. I; tous témoins oculaires de ces transports.
192L'hébreu autorise également le futur et le présent.
193Liv. II, chap. 9, v. 22; chap. 20, v. 36.
194Et aussi du mot Almogim, qu'il altère en Algomim, comme il a fait Argoun au lieu d'Argmoun dans Ezéqiel, chapitre 28. Un autre exemple d'altération et d'erreur de la part des Paralipomènes, est le pays de Parvaim ou Pherouim, dont ils vantent l'or. Quelques paraphrastes n'ont pas craint d'y voir le Pérou; nous y voyons tout simplement l'altération du mot Sapherouim, dont l's initial a disparu, et qui désigne l'un des peuples cités par Sennachérib, et connu des Grecs sous le nom de Sapires et Saspires, voisin de la Colchide, et riche en or natif recueilli dans les torrents.
195Des savants modernes sont du même avis. En rendant hommage à leur talent, nous ne pouvons souscrire à cette opinion, parce que ses principaux motifs pèchent dans leurs bases. «Les Phéniciens, dit Hérodote, ayant navigué dans la mer australe, quand l'automne fut venu, abordèrent à l'endroit de la Lybie où ils se trouvèrent, et ils semèrent du blé. Ils attendirent le temps de la moisson, et après la récolte ils se remirent en mer.» L'on attaque ce récit: on nie que les Phéniciens aient connu l'état des saisons de l'autre côté de l'équateur, et qu'ils aient pu semer en temps opportun: l'on veut même que cette expression de semer en automne, prouve un mensonge de leur part. Laissons à part leurs connaissances possibles qui sont des conjectures: quant aux mots semer en automne, ils ne viennent pas des Phéniciens, mais d'Hérodote qui, écrivant 150 ans après eux sur le récit des prêtres, et qui n'ayant aucune idée de ce qui se passait de l'autre côté de la ligne, y a supposé l'ordre physique et rural de celui-ci: il a même supposé qu'ils semèrent du blé, et cela par le préjugé des Européens, qui croient qu'on ne vit pas sans blé, tandis que chez les Asiatiques, tels que les Égyptiens et les Syriens, il n'est qu'une très-petite portion dés comestibles: l'on peut assurer que les navigateurs qui ont eu l'idée d'une telle entreprise, auront préféré toute autre espèce de grain, exigeant le moins de temps possible pour être récolté, tel que les lentilles, les pois, les haricots, le doura, le maïs et l'orge, auxquels 2 ou 3 mois de terre suffisent, et sur la convenance desquels les Phéniciens auront eu des connaissances préliminaires acquises dans leurs voyages antérieurs sur les côtes d'Éthiopie et d'Arabie. «A leur retour en Égypte, ils racontèrent qu'en faisant voile autour de la Libye, ils avaient eu le soleil à leur droite. Ce fait, ajoute Hérodote, ne me paraît pas croyable: peut-être le paraîtra-il à quelque autre.» L'on veut que cette circonstance soit une preuve de fausseté, parce que, dit-on, les Phéniciens ne pouvant se guider que par les étoiles de l'un ou de l'autre pôle, n'ont pu avoir le soleil qu'au visage ou au dos, et que pour l'avoir à main droite, il aurait fallu qu'ils prissent leur point de direction au couchant, ce qu'on ne peut admettre. Nous pensons, tout au contraire, voir ici une preuve de vérité d'autant plus lumineuse qu'Hérodote n'y croit point. Cet auteur, comme tous les Grecs, a cru que l'on ne pouvait passer sous la ligne à cause d'une prétendue chaleur excessive; il a donc conçu que les Phéniciens avaient fait le tour de l'Afrique sans avoir passé l'équateur; que dans ce cas, naviguant vers l'occident, ils ont dû avoir toujours le soleil sur leur gauche; mais puisque les Phéniciens traversèrent l'équateur, alors ils arrivèrent au cap de Bonne-Espérance; forcés par la direction de cette côte de se diriger au couchant pendant plusieurs semaines, ils eurent réellement le soleil sur leur droite; et toutes ces circonstances, combinées avec le temps suffisant qu'ils employèrent, nous paraissent mettre leur navigation hors de doute.
196Notice des manuscrits orientaux, tome I, extrait du Moroudj-el-Dahab, page 28.