Free

Tendresses impériales

Text
iOSAndroidWindows Phone
Where should the link to the app be sent?
Do not close this window until you have entered the code on your mobile device
RetryLink sent

At the request of the copyright holder, this book is not available to be downloaded as a file.

However, you can read it in our mobile apps (even offline) and online on the LitRes website

Mark as finished
Font:Smaller АаLarger Aa

LETTRE LXXIX

À l'Impératrice, à Malmaison
7 heures du soir.

Je reçois ta lettre, mon amie. Savary me dit que tu pleures toujours; cela n'est pas bien. J'espère que tu auras pu te promener aujourd'hui. Je t'ai envoyé de ma chasse. Je viendrai te voir lorsque tu me diras que tu es raisonnable et que ton courage prend le dessus.

Demain, toute la journée, j'ai les ministres.

Adieu, mon amie; je suis triste aussi aujourd'hui; j'ai besoin de te savoir satisfaite et d'apprendre que tu prends de l'aplomb.

Dors bien.

Napoléon.

LETTRE LXXX

À l'Impératrice, à Malmaison
Jeudi, à midi, 1809.

Je voulais venir te voir aujourd'hui, mon amie; mais je suis très occupé et un peu indisposé. Je vais cependant aller au conseil. Je te prie de me dire comment tu te portes.

Ce temps est bien humide et pas du tout sain.

Napoléon.

LETTRE LXXXI

À l'Impératrice, à Malmaison
Vendredi, à 8 heures, 1810.

Je voulais venir te voir aujourd'hui, mais je ne le puis; ce sera, j'espère, pour demain. Il y a bien longtemps que tu m'as donné de tes nouvelles.

J'ai appris avec plaisir que tu t'étais promenée dans ton jardin pendant ces froids.

Adieu, mon amie; porte-toi bien, et ne doute jamais de mes sentiments.

Napoléon.

LETTRE LXXXII

À l'Impératrice, à Malmaison
Dimanche, à 8 heures du soir, 1810.

J'ai été bien content de t'avoir vue hier; je sens combien ta société a de charmes pour moi. J'ai travaillé aujourd'hui avec Estève. J'ai accordé cent mille francs pour 1810, pour l'extraordinaire de Malmaison. Tu peux donc faire planter tant que tu voudras; tu distribueras cette somme comme tu l'entendras. J'ai chargé Estève de te remettre deux cent mille francs aussitôt que le contrat de la maison Julien sera fait. J'ai ordonné que l'on paierait ta parure de rubis, laquelle sera évaluée par l'intendance, car je ne veux pas de voleries de bijoutiers. Ainsi, voilà quatre cent mille francs que cela me coûte.

J'ai ordonné que l'on tînt le million que la liste civile te doit, pour 1810, à la disposition de ton homme d'affaires, pour payer tes dettes.

Tu dois trouver dans l'armoire de Malmaison cinq cent mille à six cent mille francs; tu peux les prendre pour faire ton argenterie et ton linge.

J'ai ordonné qu'on te fit un très beau service de porcelaine; l'on prendra tes ordres pour qu'il soit très beau.

Napoléon.

LETTRE LXXXIII

À l'Impératrice, à Malmaison
Mercredi, 6 heures du soir, 1810.

Mon amie, je ne vois pas d'inconvénient que tu reçoives le roi de Wurtemberg quand tu voudras. Le roi et la reine de Bavière doivent aller te voir après-demain.

Je désire fort aller à Malmaison: mais il faut que tu sois forte et tranquille: le page de ce matin dit qu'il t'a vue pleurer.

Je vais dîner tout seul.

Adieu, mon amie; ne doute jamais de mes sentiments pour toi; tu serais injuste et mauvaise.

Napoléon.

LETTRE LXXXIV

À l'Impératrice, à Malmaison
Samedi, à 1 heure après-midi, 1810.

Mon amie, j'ai vu hier Eugène qui m'a dit que tu recevrais les rois. J'ai été au concert jusqu'à huit heures; je n'ai dîné, tout seul, qu'à cette heure-là.

Je désire bien te voir. Si je ne viens pas aujourd'hui, je viendrai après la messe.

Adieu, mon amie; j'espère te trouver sage et bien portante. Ce temps-là doit bien te peser.

Napoléon.

LETTRE LXXXV

À l'Impératrice, à Malmaison
Trianon, le 17 janvier 1810.

Mon amie, d'Audenarde, que je t'ai envoyé ce matin, me dit que tu n'as plus de courage depuis que tu es à Malmaison. Ce lieu est cependant tout plein de nos sentiments, qui ne peuvent et ne doivent jamais changer, du moins de mon côte.

J'ai bien envie de te voir, mais il faut que je sois sûr que tu es forte, et non faible; je le suis aussi un peu, et cela me fait un mal affreux.

Adieu, Joséphine; bonne nuit. Si tu doutais de moi, tu serais bien ingrate.

Napoléon.

LETTRE LXXXVI

À l'Impératrice, à Malmaison
30 Janvier 1810.

Mon amie, je reçois ta lettre. J'espère que la promenade que tu as faite aujourd'hui, pour montrer ta serre, t'aura fait du bien.

Je te saurai avec plaisir à l'Élysée, et fort heureux de te voir plus souvent; car tu sais combien je t'aime.

Napoléon.

LETTRE LXXXVII

À l'Impératrice, à Malmaison
Mardi, à midi, 1810.

J'apprends que tu t'affliges, cela n'est pas bien. Tu es sans confiance en moi, et tous les bruits que l'on répand te frappent; ce n'est pas me connaître, Joséphine. Je t'en veux, et si je n'apprends que tu es gaie et contente, j'irai te gronder bien fort.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

LETTRE LXXXVIII

À l'Impératrice, à Malmaison
Samedi, à 6 heures du soir, 1810.

J'ai dit à Eugène que tu aimais plutôt à écouter les bavards d'une grande ville que ce que je te disais; qu'il ne faut pas permettre que l'on te fasse des contes en l'air pour t'affliger.

J'ai fait transporter tes effets à l'Élysée. Tu viendras incessamment à Paris; mais sois tranquille et contente, et aie confiance entière en moi.

Napoléon.

LETTRE LXXXIX

À l'Impératrice, à l'Élysée-Napoléon
Vendredi, 6 heures du soir, 1810.

Savary me remet, en arrivant, ta lettre; je vois avec peine que tu es triste; je suis bien aise que tu ne te sois pas aperçue du feu.

J'ai eu beau temps à Rambouillet.

Hortense m'a dit que tu avais eu le projet de venir dîner chez Bessières et de retourner coucher à Paris. Je suis fâché que tu n'aies pas pu exécuter ton projet.

Adieu, mon amie; sois gaie, songe que c'est le moyen de me plaire.

Napoléon.

LETTRE XC

À l'Impératrice, à l'Élysée-Napoléon
19 février 1810.

Mon amie, j'ai reçu ta lettre. Je désire te voir; mais les réflexions que tu me fais peuvent être vraies. Il y a peut-être quelque inconvénient à nous trouver sous le même toit pendant la première année. Cependant la campagne de Bessières est trop loin pour pouvoir revenir; d'un autre côté, je suis un peu enrhumé et je ne suis pas sûr d'y aller.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

LETTRE XCI

À l'Impératrice, à Malmaison
Le 12 mars 1810.

Mon amie, j'espère que tu auras été contente de ce que j'ai fait pour Navarre. Tu y auras vu un nouveau témoignage du désir que j'ai de t'être agréable.

Fais prendre possession de Navarre; tu pourras y aller le 25 mars passer le mois d'avril.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

LETTRE XCII

De l'Impératrice Joséphine à l'Empereur Napoléon
Navarre, le 19 avril 1810.

Sire,

Je reçois, par mon fils, l'assurance que Votre Majesté consent à mon retour à Malmaison, et qu'elle veut bien m'accorder les avances que je lui ai demandées pour rendre habitable le château de Navarre.

Cette double faveur, Sire, dissipe en grande partie les inquiétudes et même les craintes que le long silence de Votre Majesté m'avait inspirées. J'avais peur d'être entièrement bannie de son souvenir: je vois que je ne le suis pas. Je suis donc aujourd'hui moins malheureuse, et même aussi heureuse qu'il m'est désormais possible de l'être.

J'irai à la fin du mois à Malmaison, puisque Votre Majesté n'y voit aucun obstacle. Mais, je dois vous le dire, Sire, je n'aurais pas si tôt profité de la liberté que Votre Majesté me laisse à cet égard, si la maison de Navarre n'exigeait pas, pour ma santé, et pour celle des personnes de ma maison, des réparations qui sont urgentes. Mon projet est de demeurer à Malmaison fort peu de temps; je m'en éloignerai bientôt pour aller aux eaux. Mais, pendant que je serai à Malmaison, Votre Majesté peut être sûre que j'y vivrai comme si j'étais à mille lieues de Paris. J'ai fait un grand sacrifice, Sire, et chaque jour je sens davantage toute son étendue. Cependant, ce sacrifice sera ce qu'il doit être, il sera entier de ma part. Votre Majesté ne sera troublée, dans son bonheur, par aucune expression de mes regrets.

 

Je ferai sans cesse des vœux pour que Votre Majesté soit heureuse, peut-être même en ferai-je pour la revoir; que Votre Majesté en soit convaincue, je respecterai toujours sa nouvelle situation, je la respecterai en silence; confiante dans les sentiments qu'elle me portait autrefois, je n'en provoquerai aucune preuve nouvelle; j'attendrai tout de sa justice et de son cœur.

Je me borne à lui demander une grâce, c'est qu'elle daigne chercher elle-même un moyen de convaincre quelquefois, et moi-même et ceux qui m'entourent, que j'ai toujours une petite place dans son souvenir et une grande place dans son estime et dans son amitié. Ce moyen, quel qu'il soit, adoucira mes peines, sans pouvoir, ce me semble, compromettre, ce qui m'importe avant tout, le bonheur de Votre Majesté.

Joséphine.

LETTRE XCIII

Réponse de l'Empereur Napoléon
À l'Impératrice Joséphine, à Navarre
Compiègne, le 21 avril 1810.

Mon amie, je reçois ta lettre du 19 avril; elle est d'un mauvais style. Je suis toujours le même; mes pareils ne changent jamais. Je ne sais ce qu'Eugène a pu te dire. Je ne t'ai pas écrit, parce que tu ne l'as pas fait, et que j'ai désiré tout ce qui peut t'être agréable.

Je vois avec plaisir que tu ailles à Malmaison, et que tu sois contente; moi, je le serai de recevoir de tes nouvelles et de te donner des miennes. Je n'en dis pas davantage jusqu'à ce que tu aies comparé cette lettre à la tienne; et, après cela, je te laisse juge qui est meilleur et plus ami de toi ou de moi.

Adieu, mon amie; porte-toi tien et sois juste pour toi et pour moi.

Napoléon.

LETTRE XCIV

Réponse de l'Impératrice Joséphine

Mille, mille tendres remerciements de ne m'avoir pas oubliée. Mon fils vient de m'apporter ta lettre. Avec quelle ardeur je l'ai lue, et cependant j'y ai mis bien du temps; car il n'y a pas un mot qui ne m'ait fait pleurer, mais ces larmes étaient bien douces! J'ai retrouvé mon cœur tout entier, et tel qu'il sera toujours: il y a des sentiments qui sont la vie même et qui ne peuvent finir qu'avec elle.

Je serais au désespoir que ma lettre du 19 t'eût déplu; je ne m'en rappelle pas entièrement les expressions, mais je sais quel sentiment bien pénible l'avait dictée, c'était le chagrin de n'avoir pas de tes nouvelles.

Je t'avais écrit à mon départ de Malmaison; et, depuis, combien de fois j'aurais voulu t'écrire! Mais je sentais les raisons de ton silence, et je craignais d'être importune par une lettre. La tienne a été un baume pour moi. Sois heureux, sois-le autant que tu le mérites; c'est mon cœur qui te parle. Tu viens aussi de me donner ma part de bonheur, et une part bien vivement sentie: rien ne peut valoir pour moi une marque de ton souvenir.

Adieu, mon ami; je te remercie aussi tendrement que je t'aimerai toujours.

Joséphine.

LETTRE XCV

À l'Impératrice Joséphine, à Navarre
Compiègne, le 28 avril 1910.

Mon amie, je reçois deux lettres de toi. J'écris à Eugène. J'ai ordonné que l'on fit le mariage de Tascher avec la princesse de la Leyen.

J'irai demain à Anvers voir ma flotte et ordonner des travaux. Je serai de retour le 15 mai.

Eugène me dit que tu veux aller aux eaux, ne te gêne en rien. N'écoute pas les bavardages de Paris; ils sont oisifs et bien loin de connaître le véritable état des choses. Mes sentiments pour toi ne changent pas et je désire beaucoup te savoir heureuse et contente.

Napoléon.

LETTRE XCVI

À l'Impératrice Eugénie, à Malmaison

Mon amie, je reçois ta lettre. Eugène te donnera des nouvelles de mon voyage et de l'Impératrice. J'approuve fort que tu ailles aux eaux. J'espère qu'elles te feront du bien.

Je désire bien te voir. Si tu es à Malmaison à la fin du mois, je viendrai te voir.

Ma santé est fort bonne; il me manque de te savoir contente et bien portante. Fais-moi connaître le nom que tu voudrais porter en route.

Ne doute jamais de toute la vérité de mes sentiments pour toi; ils dureront autant que moi; tu serais fort injuste si tu en doutais.

Napoléon.

LETTRE XCVII

À l'Impératrice Joséphine, aux eaux d'Aix, en Savoie
Rambouillet, le 8 juillet 1810.

Mon amie, j'ai reçu ta lettre du 3 juillet. Tu auras vu Eugène, et sa présence t'aura fait du bien. J'ai appris avec plaisir que les eaux te sont bonnes. Le roi de Hollande vient d'abdiquer la couronne, en laissant la régence, selon la Constitution, à la reine. Il a quitté Amsterdam et laissé le grand-duc de Berg.

J'ai réuni la Hollande à la France; mais cet acte a cela d'heureux qu'il émancipe la reine, et cette infortunée fille va venir à Paris avec son fils, le grand-duc de Berg; cela la rendra parfaitement heureuse.

Ma santé est bonne. Je suis venu ici pour chasser quelques jours. Je te verrai avec plaisir cet automne. Ne doute jamais de mon amitié. Je ne change jamais. Porte-toi bien, sois gaie et crois à la vérité de mes sentiments.

Napoléon.

LETTRE XCVIII

À l'Impératrice Joséphine, à Navarre
Fontainebleau, le 14 novembre 1810.

Mon amie, j'ai reçu ta lettre. Hortense m'a parlé de toi. Je vois avec plaisir que tu es contente. J'espère que tu ne t'ennuies pas trop à Navarre.

Ma santé est fort bonne. L'Impératrice avance heureusement dans sa grossesse. Je ferai les différentes choses que tu me demandes pour ta maison. Soigne bien ta santé, sois contente et ne doute jamais de mes sentiments pour toi.

Napoléon.

LETTRE XCIX

À l'Impératrice Joséphine, à Navarre

Je reçois ta lettre. Je ne vois pas d'inconvénient au mariage de Mme de Mackau avec Wattier, si cela lui convient; ce général est un fort brave homme. Je me porte bien. J'espère avoir un garçon; je te le ferai savoir aussitôt.

Adieu, mon amie. Je suis bien aise que Mme d'Arberg t'ait dit des choses qui te fassent plaisir. Quand tu me verras, tu me trouveras avec les mêmes sentiments pour toi.

Napoléon.

LETTRE C

À l'Impératrice Joséphine, à Malmaison
Trianon, 25 août 1813.

J'ai reçu ta lettre. Je vois avec plaisir que tu es en bonne santé. Je suis pour quelques jours à Trianon. Je compte aller à Compiègne. Ma santé est fort bonne.

Mets de l'ordre dans tes affaires; ne dépense que un million cinq cent mille francs et mets de côté tous les ans autant; cela fera une réserve de quinze millions en dix ans pour tes petits-enfants: il est doux de pouvoir leur donner quelque chose et de leur être utile. Au lieu de cela, l'on me dit que tu as des dettes, cela serait bien vilain. Occupe-toi de tes affaires et ne donne pas à qui en veut prendre. Si tu me veux plaire, fais que je sache que tu as un gros trésor. Juge combien j'aurais mauvaise opinion de toi si je te savais endettée avec trois millions de revenu.

Adieu, mon amie, porte-toi bien.

Napoléon.