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Faust

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Faust
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Faust
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Is reading Luana Maranz
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SIEBEL

Ainsi soit-il de toutes les puces possibles!

BRANDER

Prenez-les du bout des doigts, et serrez comme il faut.

ALTMAYER

Vive la liberté! Vive le vin!

MÉPHISTOPHÉLÈS

Je boirais volontiers un verre à la liberté, si vos vins étaient un peu meilleurs.

SIEBEL

N'en dites pas de mal, ou…

MÉPHISTOPHÉLÈS

Si je ne craignais de fâcher l'aubergiste, j'offrirais à ces dignes convives du meilleur de notre cave.

SIEBEL

Faites toujours, je le prends sur moi.

FROSCH

Donnez-nous-en un grand verre, et nous chanterons vos louanges. Point de petits échantillons! Quand je dois porter un jugement, il faut que j'aie la bouche pleine.

ALTMAYER bas

Ils sont du Rhin, je m'en doute.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Allez me chercher un foret.

BRANDER

Vous en auriez un, qu'en arriverait-il? Vous n'avez pas les tonneaux devant la porte, n'est-ce pas?

ALTMAYER

Là derrière, l'aubergiste a déposé un panier d'outils.

MÉPHISTOPHÉLÈS prend le foret. – À Frosch

Dites un peu, vous, que souhaitez-vous goûter?

FROSCH

Comment l'entendez-vous? En avez-vous de tant de sortes?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Je laisse chacun libre de choisir.

ALTMAYER à Frosch

Ah! ah! tu commences déjà à te lécher les babines.

FROSCH

Bon, s'il me faut choisir, je veux avoir du vin du Rhin. Rien ne vaut ce qui vient du pays.

MÉPHISTOPHÉLÈS

(Faisant avec le foret un trou dans le rebord de la table, à la place où s'assied Frosch.)

Apportez de la cire, pour servir de bouchons.

ALTMAYER

Ah çà, mais c'est de l'escamotage.

MÉPHISTOPHÉLÈS à Brander

Et vous?

BRANDER

Je veux du vin de Champagne, et qu'il soit bien mousseux. (Méphistophélès continue de forer; cependant quelqu'un a fait des bouchons de cire, et les a enfoncés dans les trous.) On ne peut pas toujours éviter l'étranger; les bonnes choses sont souvent si loin de nous! Tout loyal Allemand déteste les Français, mais il boit leurs vins très-volontiers.

SIEBEL

(Pendant que Méphistophélès s'approche de sa place.)

Moi, je n'aime pas les vins forts donnez-moi un verre de doux.

MÉPHISTOPHÉLÈS forant

Il va couler pour vous du Tokay.

ALTMAYER

Morbleu, regardez-moi en face! Je le vois de reste, vous vous moquez de nous.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Hé, hé, avec d'aussi nobles convives, ce serait un peu risquer. Dépêchons-nous, assez de paroles comme cela! Quel vin dois-je servir d'abord?

ALTMAYER

Tous. Seulement, pas tant de questions!

(Après que tous les trous sont forés et bouchés, Méphistophélès s'avance.)

MÉPHISTOPHÉLÈS avec des gestes bizarres
 
Sur la vigne il croît du raisin,
Des cornes sur le bouquetin:
Si d'un cep dur coule un vin délectable,
On en peut bien tirer de cette table.
La nature n'a point de loi:
C'est un miracle, croyez-moi!
 

À présent tirez les bouchons, et jouissez!

TOUS

(Pendant qu'ils tirent les bouchons, et que chacun d'eux recueille dans son verre le vin souhaité.)

O l'admirable fontaine!

MÉPHISTOPHÉLÈS

Mais prenez garde de rien répandre à terre.

(Ils se mettent à boire.)

TOUS chantent
 
Nous nous en donnons à cœur joie;
Nous buvons, nous buvons, buvons,
Comme cinq-cents cochons!
 
MÉPHISTOPHÉLÈS

Mes drôles ont les coudées franches, voyez comme ils sont heureux!

FAUST

Je voudrais me retirer.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Reste encore quelques minutes, la bestialité va se montrer dans tout son lustre.

SIEBEL

(Il boit sans précaution: le vin coule à terre, et se change en flamme.)

À l'aide, au feu, à l'aide, l'enfer s'allume!

MÉPHISTOPHÉLÈS s'adressant à la flamme

Calme-toi, élément chéri! (Aux convives.) Cette fois, ce n'était qu'une goutte du purgatoire.

SIEBEL

Que veut dire ceci? Attendez-moi, vous le paierez cher! Il paraît que vous ne me connaissez pas.

FROSCH

Qu'il nous le fasse une seconde fois!

ALTMAYER

Je serais d'avis qu'on le priât poliment de s'en aller.

SIEBEL

Comment, monsieur, oseriez-vous faire ici de la magie noire?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Paix, vieux sac-à-vin!

SIEBEL

Ce manche à balai va-t-il encore devenir grossier?

BRANDER

Attendez un peu, il pleuvra des coups.

ALTMAYER

(Il ôte un bouchon de la table; il en sort un jet de feu, qui l'atteint.)

Je brûle, je brûle!

SIEBEL

Sorcellerie! Jetez-vous sur lui! Le coquin est condamné, son affaire ne sera pas longue.

(Ils lèvent les couteaux et s'élancent sur Méphistophélès.)

MÉPHISTOPHÉLÈS avec des gestes graves
 
O magiques accents,
Tableaux éblouissants,
Troublez les lieux, les sens.
À moi, charmes puissants!
 

(Ils s'arrêtent étonnés, et se regardent les uns les autres.)

ALTMAYER

Où suis-je?.. Quel beau pays!

FROSCH

Un coteau de vignobles!.. Y vois-je clair?

SIEBEL

Et des grappes, tout juste à portée de la main!

BRANDER

Ici, sous ces feuilles vertes, voyez quel cep, voyez quelle grappe!

(Il prend Siebel par le nez. Les autres s'en font autant mutuellement, et tous lèvent leurs couteaux17.)

MÉPHISTOPHÉLÈS comme ci-dessus
 
Bandeau fallacieux,
Tombe, et r'ouvre leurs yeux!
 

Et n'oubliez jamais comme le Diable se moque du monde.

(Il disparaît avec Faust. Tous les convives lâchent prise.)

SIEBEL

Qu'y a-t-il?

ALTMAYER

Comment?

FROSCH

C'était ton nez?

BRANDER à Siebel

Et le tien que j'ai en main!

ALTMAYER

Quel coup terrible! Cela casse bras et jambes. Vite une chaise, je tombe en faiblesse.

FROSCH

Non, dis-moi, qu'est-il arrivé?

SIEBEL

Où est-il le coquin? Si jamais je l'empoigne, il ne sortira pas vivant de mes mains!

ALTMAYER

Je l'ai vu passer par la porte du caveau… à cheval sur une tonne… J'ai du plomb dans les pieds. (Se tournant vers la table.) Ma foi, s'il coulait encore du vin?

SIEBEL

Magie que tout cela, illusion et mensonge!

FROSCH

Il me semblait pourtant bien que je buvais du vin.

BRANDER

Mais les grappes, que sont-elles devenues?

ALTMAYER

Hé bien, dis-moi donc, on ne doit pas croire aux miracles?

LA CUISINE D'UNE SORCIÈRE

Au fond d'un âtre aplati, bouillonne une grande marmite posée sur le feu. Dans le tourbillon de vapeur, qui s'en élève et roule au haut des voûtes, apparaissent divers fantômes. Une GUENON18, assise auprès de la marmite l'écume et veille attentivement à ce qu'elle ne déborde point. Le MALE, avec ses petits, est assis à côté d'elle et se chauffe. Aux murs et au plafond sont suspendus les outils étranges, dont se compose le mobilier de la Sorcière.

FAUST et MÉPHISTOPHÉLÈS entrent
FAUST

J'ai horreur de cet appareil de sorcellerie. Quelles jouissances m'oses-tu promettre, au milieu de ce confus amas de figures extravagantes? Quel conseil puis-je attendre d'une vieille femme? Est-ce avec un breuvage préparé dans cette cuisine infecte, qu'on m'ôtera de dessus le corps trente années? Malheur à moi, si tu ne sais rien de mieux! J'ai déjà perdu tout espoir. Le baume est il donc une chose si rare, que la nature n'en puisse offrir, qu'un Esprit surhumain n'en puisse trouver une seule goutte à verser sur mes plaies?

 
MÉPHISTOPHÉLÈS

Hé, mon ami, quel nouvel accès de bon sens!.. Mais, sérieusement parlant, il y a bien aussi, pour se rajeunir, un moyen naturel; seulement il est exposé dans un tout autre livre, et c'est un étrange chapitre de ce livre-là.

FAUST

Je veux le savoir.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Bon. Ce moyen ne demande argent, médecine ni sorcellerie. Le voici: transporte-toi sur l'heure au milieu des champs, prends une bêche, et remue la terre; circonscris ta pensée en un cercle étroit; sache te contenter d'une nourriture simple; vis avec les bêtes, comme une bête; et le sol, ou tu récoltes, ne dédaigne pas de le fumer toi-même. C'est le meilleur moyen, crois-moi, de te rajeunir de quatre-vingts ans.

FAUST

Je n'y suis point habitué, je ne saurais me résoudre à manier la bêche: une vie mesquine n'est nullement dans ma nature.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Hé bien, il faut donc que la sorcière s'en mêle.

FAUST

Mais pourquoi précisément cette vieille? Ne peux-tu préparer toi-même le breuvage?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Ce serait une jolie manière de passer le temps! J'aurais plus vite bâti un millier de ponts. C'est un travail qui exige, non-seulement de l'art et de la science, mais encore de la patience: un Esprit sédentaire y consacre de longues années. Ce breuvage ne fermente qu'avec le temps; et les ingrédients qui y entrent, tout ce qui s'y rapporte, sont des choses on ne peut plus extraordinaires. Le Diable le lui a bien appris, mais le Diable ne peut pas le faire. (Apercevant les Animaux.) Regarde, quelle charmante petite famille! Voici la servante, et voilà le domestique. Il paraît que leur maîtresse n'est pas chez elle.

(Aux Animaux.)

 
Où donc est la vieille, amis?
 
LES ANIMAUX
 
À la dinée,
Hors du logis,
Au tuyau de cheminée.
 
MÉPHISTOPHÉLÈS
 
Et ne me direz-vous pas
Quel temps dure son repas?
 
LES ANIMAUX
 
Le temps que nous, sur ces nattes,
Mettons à chauffer nos pattes.
 
MÉPHISTOPHÉLÈS à Faust

Comment trouves-tu les douces créatures?

FAUST

Je n'ai jamais rien vu de si repoussant.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Chacun son goût. Un discours, comme celui que tu viens d'entendre, est encore celui que je comprends le mieux.

(Aux Animaux.)

 
Apprenez-moi, grotesque troupe,
Ce qu'avec votre moulinet
Vous brassez là dans cette coupe?
 
LES ANIMAUX
 
Vois, nous cuisons une ample soupe.
 
MÉPHISTOPHÉLÈS
 
Vous avez du monde en effet.
 
LE MALE

(Il s'approche et caresse Méphistophélès.)

 
Oh! joue avec moi,
Oh! joue, et rends-moi
Riche comme un roi,
Et fais que je gagne.
Pauvre moi n'ai rien:
Si j'avais du bien,
Tout irait si bien!
Oh! fais que je gagne.
 
MÉPHISTOPHÉLÈS

Comme le singe s'estimerait heureux, s'il avait de quoi mettre à la loterie!

(Pendant ce temps, les jeunes Animaux se sont saisis d'une grosse boule, avec laquelle ils jouent, et qu'ils font rouler devant eux.)

LE MALE
 
Le monde est là.
Oui, c'est cela:
Gentille boule
Qui roule, roule,
Monte, descend.
Rase la terre,
Et comme verre
Sonne et se fend.
Vois, elle est creuse,
Là brille fort,
Là plus encore…
O vie heureuse!
Chers petits chats,
N'approchez pas,
Peur du trépas.
Boule d'argile,
Chose fragile,
Vole en éclats.
 
MÉPHISTOPHÉLÈS
 
Quel est ce crible?
 
LE MALE ramassant un crible
 
Il rend l'âme aux yeux visible.
Par hasard es-tu filou,
Je pourrai le reconnaître.
 

(Il court vers la Guenon et la fait voir au travers du crible.)

 
Regarde bien par ce trou.
Aperçois-tu le filou?
Nomme-le, je t'en fais maître.
 
MÉPHISTOPHÉLÈS s'approchant du feu
 
Et ce pot?
 
LE MALE et LA GUENON
 
Idiot!
Maître sot!
Il ne reconnaît pas le pot,
Ne reconnaît pas la marmite!
 
MÉPHISTOPHÉLÈS
 
Race mal-apprise et maudite!..
 
LE MALE
 
Arme ta main du goupillon,
Et assieds-toi sur ce fauteuil. Bon!
 

(Il oblige Méphistophélès à s'asseoir.)

FAUST

(Tout le temps debout devant un miroir, il s'en est, tantôt rapproché, tantôt éloigné.)

Que vois-je? Quelle céleste figure se peint dans ce miroir enchanté! Amour, prête-moi tes ailes rapides, et transporte-moi dans la région qu'elle habite. Hélas! quand je ne demeure pas à cette place même, quand je me hasarde à me rapprocher d'elle de quelques pas, je ne la vois plus qu'à travers un brouillard… C'est la femme sous sa forme la plus belle!.. Mais est-il possible que la femme ait tant de beauté? Ce corps étendu devant moi ne serait-il pas plutôt l'abrégé des cieux? Ou sur la terre se trouverait-il quelque chose de pareil?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Lorsqu'un Dieu s'est mis durant six jours l'esprit à la torture, et qu'à la fin lui-même il dit bravo, naturellement il en doit sortir quelque chose de passable. Rassasie ta vue pour cette fois, je saurai quelque jour te déterrer un trésor semblable; et heureux celui qui aura la bonne fortune de l'emmener chez lui, pour en faire usage! (Faust ne cesse point de regarder dans le miroir. Méphistophélès, s'étalant sur le fauteuil et jouant avec le goupillon, continue.) Me voici comme un roi sur son trône: j'ai le sceptre à la main, il ne me manque plus que la couronne.

LES ANIMAUX

(Après avoir exécuté entr'eux mille évolutions bizarres, ils apportent une couronne à Méphistophélès, en jetant de grands cris.)

 
Oh! daigne, daigne prendre
Cette couronne-la,
Et raccommode-la.
Il suffit d'y répandre
Des sueurs et du sang.
 

(Ils courent gauchement avec la couronne autour de la salle, et la brisent en deux moitiés, avec lesquelles ils dansent eu rond.)

 
Contre l'angle du banc
Nous venons de la fendre!
Nous parlons et voyons,
Écoutons et rimons.
 
FAUST devant le miroir

Malheureux que je suis!! Ce spectacle m'ôte la raison.

MÉPHISTOPHÉLÈS désignant les Animaux

Peu s'en faut que la tête ne me tourne, à moi-même.

LES ANIMAUX
 
Et si la chose
Nous réussit,
Tout se dispose
En bel esprit!
 
FAUST comme ci-dessus

Mon cœur se prend, il s'enflamme! Sortons d'ici, sortons!

MÉPHISTOPHÉLÈS comme ci-dessus

Au moins, l'on doit convenir que ceux-ci sont de francs poètes19.

(La marmite, que la Guenon a jusqu'ici négligé d'écumer, commence à déborder: une grande flamme s'élève, qui est chassée avec violence dans le tuyau de cheminée. LA SORCIÈRE descend à travers la flamme, en poussant des cris horribles.)

LA SORCIÈRE
 
Au! au! au! au!
Damné chien race de pourceau!
Tu perds la soupe, et tu rôtis ma peau!
Crains ma vengeance,
Maudite engeance!
 

(Apercevant Faust et Méphistophélès.)

 
Eh, qu'est cela?
Qui vois-je là?
Qui vois-je ici?
Qui m'entre ainsi?..
Restez un peu;
Vos os, corbleu,
Verront beau jeu.
À vous le feu**
 

(Elle plonge l'écumoire dans la marmite, et asperge de flammes Faust, Méphistophélès et les Animaux. Les Animaux hurlent.)

MÉPHISTOPHÉLÈS

(Levant le goupillon qu'il tient dans sa main, et frappant de droite et de gauche sur les verres et sur les pots.)

 
En deux! en deux!
À bas la soupe!
À bas la coupe!
Ce n'est que jeux;
Non, spectre étique,
Rien qu'un bâton,
Réglant le ton
De ta musique.
 

(Pendant que la Sorcière recule, pâle de colère et d'effroi.)

Me reconnais-tu maintenant? Squelette, épouvantail, reconnais-tu ton seigneur et maître? Qui m'empêchera de frapper? Qui me retient, que je ne te mette en pièces, toi et tes Esprits-singes?

N'as-tu plus de respect pour le justaucorps rouge? Ne sais-tu plus reconnaître la plume de coq? Et ce visage l'ai-je caché? Dois-je peut-être me nommer?

LA SORCIÈRE

Ah! Monseigneur, pardonnez cet abord un peu rude! Mais le pied fourchu, je ne l'ai point aperçu. et où sont donc vos deux corbeaux?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Passe pour cette fois; car au fait, il y a un certain laps de temps que nous ne nous sommes vus. La civilisation, qui lèche et polit le monde entier, s'est étendue jusque sur le Diable; aujourd'hui plus de fantôme du nord: où vois-tu des cornes, une queue, des griffes? Et quant à ce pied, dont je ne saurais me passer, il me nuirait dans le monde; aussi ai-je adopté, depuis nombre d'années, comme tant de jeunes gens, les faux mollets.

LA SORCIÈRE dansant
 
Monsieur Satan dans ma maison
J'en perds le sens et la raison.
 
MÉPHISTOPHÉLÈS

Femme, plus de ce nom-là; je te défends de le prononcer.

LA SORCIÈRE

Pourquoi donc? Que vous a-t-il donc fait?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Il est depuis long-temps inscrit au livre des Fables. Ce n'est pas que les hommes en soient devenus meilleurs; car, s'ils sont affranchis du Malin, les méchants sont restés. Mais tu m'appelleras Monsieur le baron, je suis un cavalier comme un autre: tu ne doutes point de ma noblesse; regarde, voici mon écusson.

(Il fait un geste indécent.)

LA SORCIÈRE riant d'un rire immodéré

Ha! ha! c'est bien de vous! Vous êtes un drôle, comme vous l'avez toujours été.

 
MÉPHISTOPHÉLÈS à Faust

Mon ami, fais-en ton profit; voilà comme il faut en user avec les sorcières.

LA SORCIÈRE

Dites à présent, messieurs, ce qu'il y a pour votre service.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Un bon verre de la liqueur que tu sais; mais il m'en faut de la plus vieille, parce que les années doublent sa vertu.

LA SORCIÈRE

Très-volontiers! J'en ai ici une bouteille, dont je goûte moi-même de temps à autre par plaisir, et qui n'a plus la moindre puanteur; je vous en donnerai volontiers un petit verre. (Bas à Méphistophélès.) Mais si cet homme en boit sans être préparé, vous savez qu'il n'a pas pour une heure de vie.

MÉPHISTOPHÉLÈS

C'est un bon ami, à qui elle ne peut que faire grand bien; je ne crains pas pour lui la meilleure de toute ta cuisine. Trace ton cercle, prononce tes paroles, et donne-lui une pleine tasse.

(La Sorcière, en faisant des gestes bizarres, trace un cercle et y place mille choses singulières: pendant cette opération, les verres commencent à rendre un son aigu, la marmite à tonner sourdement. Enfin elle apporte un grand livre, place au milieu du cercle les Animaux, qui lui servent de pupitre et tiennent les flambeaux, puis fait signe à Faust de venir à elle.)

FAUST à Méphistophélès

Quand tout cela finira-t-il? Je n'y peux tenir plus long-temps. Cette folle engeance, ces gestes délirants, cette illusion dégoûtante, m'inspirent trop d'horreur.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Chansons! Ce n'est que pour rire, ne sois donc pas si difficile. Il faut bien, en sa qualité de médecin, qu'elle prépare son remède, afin qu'il te profite comme il faut.

(Il contraint Faust à entrer dans le cercle.)

LA SORCIÈRE

(Elle se met à lire dans le livre, et déclame avec beaucoup d'emphase.)

 
Oui, je le dis:
D'un fais-en dix,
Ôtes-en six,
Puis trois encore;
Et c'est de l'or.
Le reste suit:
À sept et huit,
Vingt se réduit;
Car la sorcière
Ainsi l'a dit.
Ainsi finit
Le grand mystère.
Neuf se traduit par un,
Dix se rend par aucun.
De la vieille sorcière
Tel fût toujours, tel est
L'infaillible livret.
 
FAUST

On dirait que la vieille parle dans la fièvre.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Tu n'es pas au bout: je connais le livre; il est écrit dans ce goût, du commencement jusqu'à la fin. J'y ai perdu mon temps, car une contradiction parfaite est également inintelligible pour les sages et pour les fous. Mon ami, l'art est ancien et nouveau. Ce fût dans tous les temps la mode de mettre en avant trois et un, un et trois, pour propager l'erreur au nom de la vérité: sur ce texte on babille, on apprend cela par cœur comme autre chose. Pures folies! Qui va se tourmenter à les comprendre? L'homme croit d'ordinaire, quand il entend des mots, qu'il y faut absolument découvrir un sens.

LA SORCIÈRE poursuit
 
L'admirable pouvoir
De tout savoir
Ne réside en personne.
S'il est un point
Qui parfois vous le donne,
C'est de n'y songer point.
 
FAUST

Quel non-sens nous dit-elle? Un instant de plus, et ma tête se rompt. Je jurerais entendre un chœur de cent mille fous.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Assez assez, très-excellente Sybille! Donne ta potion, et remplis le gobelet jusqu'au bord: elle ne peut faire aucun mal à mon ami; c'est un homme qui a passé par bien des grades, il n'en est pas à son coup d'essai.

(La Sorcière verse la potion dans le gobelet avec cérémonie: au moment où Faust y touche des lèvres, on voit s'élever une légère flamme.)

MÉPHISTOPHÉLÈS

Courage, allons, une gorgée; encore une! Voilà qui te remettra bientôt la joie au cœur. Comment, tu es à tu et à toi avec le Diable, et tu as peur de la flamme?

(La Sorcière efface le cercle. Faust en sort.)

MÉPHISTOPHÉLÈS

Partons maintenant, tu as besoin d'exercice.

LA SORCIÈRE

Puisse ce petit coup vous être salutaire!

MÉPHISTOPHÉLÈS à la Sorcière

Toi, si je puis faire quelque chose qui te soit agréable, tu n'auras qu'à me le dire au sabbat.

LA SORCIÈRE

Prenez cette chanson, et chantez-la de temps en temps. Vous en éprouverez des effets tout particuliers.

MÉPHISTOPHÉLÈS à Faust

Viens vite, et laisse-toi conduire: il faut que tu transpires un peu, pour que la vertu du remède agisse à l'intérieur et à l'extérieur. Ensuite je te ferai sentir tout le prix d'une noble oisiveté; et tu ne seras pas long-temps sans éprouver, avec une joie secrète, l'influence de Cupidon, qui se joue des cœurs, et voltige en secouant sa torche sur l'univers entier.

FAUST

Laisse-moi jeter un dernier coup d'œil sur ce miroir, l'image de femme qui s'y reflète est si belle!

MÉPHISTOPHÉLÈS

Non, non, tu vas avoir tout-à-l'heure devant toi le vivant modèle de toutes les femmes. (Bas.) Avec cette potion dans le corps, tu verras une Hélène en chaque femme.

UNE RUE
FAUST, MARGUERITE passant
FAUST

Ma belle, noble demoiselle, oserais-je vous offrir mon bras et vous reconduire chez vous?

MARGUERITE

Je ne suis ni belle, ni noble demoiselle, et pour rentrer chez moi je n'ai besoin du bras de personne.

(Elle se débarrasse et s'enfuit.)

FAUST

Par Dieu, voilà une belle enfant! Je n'ai jamais rien vu de si charmant; il y a en elle tant de modestie et de décence, et en même temps quelque chose de dédaigneux… la rougeur de ses lèvres, l'éclat de ses joues. je ne l'oublierai de ma vie! Ses regards baissés vers la terre se sont gravés profondément dans mon cœur, et sa brusque répartie… C'est à ravir!

(MÉPHISTOPHÉLÈS s'approche.)

FAUST

Écoute ici. Il faut que tu me procures cette jeune fille.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Laquelle?

FAUST

Celle qui vient de passer.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Celle-là, dites-vous? Elle venait de chez un prêtre, qui lui a donné l'absolution de tous ses péchés; je m'étais glissé tout près du confessionnal: c'est l'innocence même, elle allait à confesse pour un rien. Je n'ai aucun pouvoir sur elle.

FAUST

Elle a pourtant plus de quatorze ans.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Tu t'exprimes comme Roger Bontemps, qui veut que toutes les jolies fleurs soient pour lui, et s'imagine qu'honneurs et faveurs, tout est à la portée de sa main mais il n'en va pas toujours ainsi.

FAUST

Monsieur le magister, trêve de vos sentences! Je ne dis plus qu'un mot si cette charmante fille n'est pas ce soir même dans mes bras, à minuit nous nous séparons.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Demandez quelque chose de faisable, de possible. Seulement pour épier l'occasion, il me faudrait déjà au moins quinze jours.

FAUST

Et moi, si j'avais seulement sept heures devant moi, je n'aurais pas besoin du Diable pour séduire une petite créature pareille.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Voilà que vous parlez comme un Français! Ne soyez pas si pressé, je vous en conjure: que sert-il de brusquer la jouissance? Loin d'y gagner, votre plaisir sera beaucoup moins vif que si, avant d'en venir là, vous aviez couru, fureté, fourré la main dans mille brimborions, pétri et ajusté vous-même la poupée. C'est ce que nous apprend plus d'un conte gaulois.

FAUST

J'ai de l'appétit sans tout cela.

MÉPHISTOPHÉLÈS

À présent, injures et plaisanteries à part, je vous dis et vous répète qu'auprès de cette belle enfant on ne saurait aller si vite en besogne. Il n'y a rien là à entreprendre de force, il faut se résoudre à ruser.

FAUST

Mais procure-moi quelque chose qui appartienne à cet ange, conduis-moi dans la chambre où elle dort, trouve-moi un fichu qui ait couvert son sein, une jarretière… enfin un objet quelconque, qui serve à nourrir mon amour.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Eh bien, pour vous prouver que je compatis à vos peines, et que je veux y apporter remède, nous ne perdrons pas un moment; je vous conduirai dès aujourd'hui dans sa chambre.

FAUST

Et je la verrai? Je la posséderai?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Non pas! Elle sera chez une voisine; et pendant ce temps-là, vous pourrez vous livrer tout seul à la douce espérance des joies à venir, vous enivrer à votre aise de l'atmosphère qu'elle respire.

FAUST

Partons-nous?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Il est trop de bonne heure encore.

FAUST

Va donc me chercher un cadeau pour elle.

(Il s'en va.)

MÉPHISTOPHÉLÈS

Déjà des cadeaux? C'est fort bien, il réussira. Je connais plus d'un bon endroit, et plus d'un vieux trésor enfoui je vais y jeter un coup d'œil.

(Il s'en va.)

LE SOIR. UNE PETITE CHAMBRE PROPRE ET BIEN RANGÉE
MARGUERITE

(Tressant ses nattes et les relevant.)

Je donnerais quelque chose de bon, pour savoir qui était ce monsieur d'aujourd'hui. Il avait bonne tournure, et sans doute il est d'une noble famille; je l'ai lu dans ses traits… Sans cela d'ailleurs il n'aurait pas été si hardi.

(Elle sort.)

MÉPHISTOPHÉLÈS, FAUST
MÉPHISTOPHÉLÈS

Entre, mais bien doucement! Entre donc.

FAUST après quelques instants de silence

Je t'en prie, laisse-moi seul.

MÉPHISTOPHÉLÈS furetant autour de la chambre

Il s'en faut que toutes les jeunes filles soient aussi rangées.

(Il sort.)

FAUST regardant autour de lui

Je te salue, doux crépuscule, dont les rayons tremblants dorent ce sanctuaire; je te livre mon âme, douce langueur d'amour qui te nourris de la rosée de l'espérance. Comme ici tout respire la paix, l'ordre, le contentement! Dans cette pauvreté quelle abondance, au fond de ce réduit quelle félicité! (Il se jette dans un fauteuil de cuir, près du lit.) O toi qui as reçu dans tes bras tant de générations, en joie ou en tristesse, que ce soit mon tour aujourd'hui. Combien de fois, hélas! une troupe d'enfants s'est pressée autour de ce trône de famille! Ici peut-être, au saint jour de Noël, celle que j'aime est venue répandre sa reconnaissance dans le sein de son pieux aïeul; et, inclinant vers lui ses joues enfantines, elle a baisé la main flétrie du vieillard.

Je sens, ô jeune fille, ton esprit d'ordre planer autour de moi; cet esprit qui règle chacune de tes journées, comme la plus tendre mère; lui qui t'inspire, lorsque tu étends sur la table ce tapis propre et uni, lorsque tu fais disparaître les grains de poussière qui crient sous tes pieds. O main charmante, main divine, cette chaumière est par toi changée en un vestibule du ciel. Et ici… (Il soulève un des rideaux du lit.) Quel transport amoureux, mêlé de respect, s'empare de moi! Ici je pourrais m'arrêter des heures entières. Nature, c'est donc ici que tu embellis le sommeil de cet ange, en faisant voltiger de légers songes autour d'elle; c'est ici que repose cette aimable enfant, dont le sein palpite de vie et de jeunesse; ici se développa le pur et sacré tissu de cette image de Dieu.

Et toi, quel dessein t'y conduit? Pensée amère et déchirante! Que prétends-tu faire ici? Pour quoi ton cœur est-il lourd?.. Misérable Faust, je ne te reconnais plus.

L'air que je respire en ce lieu est-il enchanté? J'ai soif du plaisir; je le voudrais sur l'heure, et je me sens plongé dans un océan de rêveries voluptueuses… Sommes-nous donc le jouet du premier souffle qui passe?

Et si elle entrait à l'instant même, comme tu te repentirais de ton crime! Ah! que le grand homme serait alors petit! Je tomberais confus à ses pieds.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Hâtez-vous de sortir, je la vois en bas qui s'approche.

FAUST

Partons, partons; et n'y rentrons jamais.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Voici une cassette passablement pesante, que je suis allé prendre loin d'ici. Mettez-la dans son armoire, je vous jure qu'elle en perdra la tête: je l'ai garnie de certaines bagatelles faites pour en gagner bien d'autres. Après tout, c'est un enfant, et les enfants aiment les jouets.

FAUST

Je ne sais si je dois…

MÉPHISTOPHÉLÈS

Qu'avez-vous donc? Voudriez-vous peut-être garder le trésor pour vous? En ce cas je conseille à votre amour de s'épargner un temps précieux, et de m'épargner à moi une peine inutile. Vraiment je désespère de vous voir jamais raisonnable je me gratte la tête, je me frotte les mains… (Il met la cassette dans l'armoire et la referme.) Allons, partons vite!.. Vous prétendez, dites-vous, attendrir le cœur de cette charmante fille; et vous voilà planté sur vos jambes, comme si la physique et la métaphysique s'offraient à vos yeux en personnes. Partons donc!

(Ils sortent.)

MARGUERITE tenant une lampe

Quelle odeur de renfermé il y a ici! C'est à suffoquer. (Elle ouvre la fenêtre.) L'air n'est pourtant pas chaud dehors; cela tient à ma disposition, je me sens mal à l'aise… Je voudrais que ma mère rentrât. J'ai un frisson par tout le corps… Folle et timide fille que je suis!

(Elle se met à chanter en se déshabillant.)

 
Il fût un prince en Laponie,
De fidélité vrai trésor,
À qui sa belle à l'agonie
Fit présent d'une coupe d'or.
 
 
Elle devint, comme on peut croire,
Son joyau le plus précieux.
Toutes les fois qu'on l'y vit boire,
On vit des pleurs mouiller ses yeux.
 
 
De déloger quand ce vint l'âge,
Ses biens et villes il compta,
Et légua tout son héritage,
Sauf sa coupe, qu'il excepta.
 
 
Puis, lorsqu'à la table royale
Siégeaient ses preux bardés de fer,
À l'entour d'une antique salle,
Sur le rivage de la mer;
 
 
Le vieux buveur, sentant son terme
Vers sa bouche, avec des sanglots,
Leva la coupe, et d'un bras ferme
La fit voler au sein des flots.
 
 
Il la vit tournoyer dans l'onde,
S'emplir, disparaître à jamais,
Et plus ne but en ce bas monde
La moindre goutte désormais.
 

(Elle ouvre l'armoire pour serrer ses vêtements, et aperçoit la cassette de bijoux.)

Comment cette belle cassette se trouve-t-elle là-dedans? Je suis pourtant bien sûre d'avoir fermé l'armoire: c'est étrange! Que peut-elle contenir? Quelqu'un l'aura donnée en gage à ma mère, qui aura prêté sur ce dépôt. La clef étant au bout du ruban, je ne pense pas qu'il y ait aucun mal à l'ouvrir… Qu'est cela, juste ciel? Qu'aperçois-je? De ma vie je n'ai vu chose si belle! Une parure… et quelle parure? Une dame de haut rang serait heureuse de la porter aux jours de fête. Comme cette chaîne m'irait bien! À qui donc peuvent appartenir toutes ces richesses? (Elle s'ajuste la parure, et va se regarder dans le miroir.) Seulement ces boucles d'oreilles, si elles étaient à moi! Avec cela, on a tout un autre air. De quoi vous sert la beauté, la jeunesse? C'est bel et bon, mais on n'y prend pas garde; ou si on vous loue, c'est comme par pitié. Tout marche après l'or, tout est au poids de l'or et nous autres… ah! pauvreté!

UNE PROMENADE PUBLIQUE
FAUST pensif, allant et venant, MÉPHISTOPHÉLÈS courant à lui
MÉPHISTOPHÉLÈS

Par l'amour dédaigné, par tous les éléments infernaux!.. Je voudrais connaître quelque chose de plus redoutable encore, par quoi je pusse jurer.

FAUST

Qu'as-tu? Qu'est-ce donc qui te remue si fort? Je ne vis de mes jours un pareil masque.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Je me donnerais au Diable tout-à-l'heure, si je ne l'étais pas moi-même.

FAUST

Quelque chose s'est-il dérangé dans ta cervelle? Il te sied bien, à toi, de te démener comme un furieux

MÉPHISTOPHÉLÈS

Imaginez-vous que cette parure, destinée à Marguerite, un prêtre l'a escamotée! Voici le fait: Sa mère vint à voir l'objet en question, et aussitôt la peur la prit… La bonne femme a l'odorat très-fin; elle a toujours le nez dans son livre de prières, et ne cesse de flairer un à un tous les meubles de sa maison, pour s'assurer si l'objet est sacré ou profane… Elle vit donc tout de suite clairement que cette parure n'apportait pas grande bénédiction avec elle. «Mon enfant», s'est-elle écriée «le bien mal acquis trouble l'âme et tourne le sang: nous allons consacrer cela à la mère de «Dieu, et la manne du ciel descendra sur nous.» La petite Marguerite fit un peu la moue. «À cheval donné», pensa-t-elle, « on ne regarde point la bouche; et certainement ce n'est pas un impie, «celui qui a eu la bonne idée d'apporter ici cette cassette.» La mère envoya chercher un prêtre, et lui conta l'aventure, qu'il trouva singulièrement agréable. «Bien imaginé!» dit-il; «qui sait perdre gagnera. L'église a un excellent estomac; elle a mangé des pays entiers, et ne s'est point encore donné d'indigestion. Il n'y a que l'église, mes chères dames, qui puisse digérer le bien mal acquis.»

17Il y a dans l'Histoire du Docteur Fauste un chapitre intitulé: Comment les hôtes du Docteur se veulent couper le nez. Dans ce chapitre se retrouve l'idée première et plusieurs détails de la scène de M. de Goethe.
18Le nom allemand est Meerkatze, sorte de singe à longue queue. La traduction littérale serait Chat-de-mer, mais n'offrirait aucun sens en français.
19N'y aurait-il pas dans cette phrase une intention satyrique contre l'Allemagne, où, comme de ce côté-ci du Rhin, mais plus fréquemment encore, il arrive qu'on passe pour sublime à force d'être obscur?